La bonne question aurait du être (comme c’est un riche mécène il n’avait pas besoin de cet argent) uniquement le point numéro deux.
Et là ce brave mécène aurait préparé un avenir meilleur pour ses enfants et petits enfants !
Mais cela ne rentre sûrement pas dans le cadre du « thought expériment «.
Ma longue expérience de prévisionniste à IBM me conduit à penser que contrairement aux chants des sirènes de la technologie informatique, nous n’allons pas vers une « Société de l’information », porteuse d’un avenir meilleur pour tous grâce aux bienfaits des processeurs informatiques de plus en plus puissants et aux réseaux télématiques de plus en plus accessibles.
Je pense au contraire que nous allons vers un ère de la désinformation. Désinformation : au sens scientifique du mot information: information =-réduction de l’incertitude.
Notre époque vit une augmentation constante de l’incertitude, liée à des évolutions technologiques accélérées, incontrôlées et incontrôlables d’un côté et des changements géopolitiques eux aussi incontrôlés et incontrôlables, et en partie au moins suite à l’influence des technologies de l’information et de la communication : téléphones portables avec fonctions photo et vidéo, réseaux sociaux, accessibles même dans les pires dictatures…
De ces évolution incontrôlées et incontrôlables découle l’augmentation du désordre et de l’incertitude: une augmentation sans précédent de l’entropie, dont on sait que la formule est l’inverse de celle de l’information: Information = « néguentropie » (Erwin Shroedinger),
De cette incertitude généralisée découle l’imprévisibilité, dont la gouvernance se ressent à tous les niveaux dans toutes les organisations. Que ce soient les marchés ou les systèmes réglementés l’imprévisibilité les empêchent de fonctionner de manière adéquate.
Je sais bien qu’on aimerait pouvoir trouver des coupables pour assumer la responsabilité du manque de choix stratégiques, à quelque niveau ce soit: du simple consommateur aux plus grands stratèges industriels et commerciaux, et au niveau des gouvernements. Je pense sincèrement qu’elles et ils ne savent pas où les prochaines années les conduiront.
Dans une telle situation, investisseurs privés ou gouvernementaux semblent incapables de faire des paris sur le futur dans l’économie réelle celle qui donne des produits, des services et des emplois.
J’ai proposé une expérience par la pensée (Thought experiment) à un ami économiste qui avait fait ses études avec moi et qui a fait une carrière brillante dans une grande banque d’affaires, et donc connaissant bien le sujet des investissements économiques.
Voici la question que je lui ai posée:
« Imagine que je sois un très riche mécène et que je te propose 100 millions d’Euros à deux conditions seulement :
1/ Tu me rends cette somme brute, sans intérêts, mais dans sa totalité dans 5 ans.
2/ Avec cette somme tu investis dans des activités de l’économie réelle de manière à créer 5000 emplois.
Acceptes tu cette proposition?
Comme c’est un grand professionnels, il a réfléchi un bon moment avant de me dire « Non, à 5 ans je ne serais même pas assuré de te rendre le capital initial. »
Je pense que les banquiers et les investisseurs dont on a vilipendé les turpitudes, se sont souvent en fait retrouvé devant des décisions de ce genre, fuyant alors les investissements dans l’économie réelle pour se réfugier dans des investissements spéculatifs à court terme qu’à tort ils pensaient plus prévisibles.
Reprenant ma casquette de prévisionniste, je pense que dans les conditions actuelles de fonctionnement de l’économie et de la géopolitique mondiale, il n’existe pas de techniques de prévision et donc de modélisation appropriées à 5 ans. Or le vieil adage « Gouverner c’est prévoir », lui, reste de mise.
Ces techniques de prévision et de modélisation restent à inventer.
Mais il s’agit là de considérations pour le long terme:
Pour le court et moyen terme il me semble que certains auteurs proposent des stratégies ayant un sens, au moins à court terme.
Je pense par exemple aux proposition concrètes de Pierre Larrouturou dans son livre « Pour éviter le Crach Ultime » NOVA Editions Paris 2011.
Ce livre contient des données pertinentes et des propositions qui en sont les conséquences.
J’ai aussi souvent cité sur ce blog le livre de Martin Ford: « The lights in the tunnel » qui aborde le problème de la baisse de la part du travail dans la valeur ajoutée des états de l’OCDE et maintenant du monde entier: l’automatisation de plus en plus poussée des productions de biens et de services ont réduit de manière dramatique la place du travail dans l’économie. Réduisant par la même occasion la demande finale; moteur des économies capitalistes, qu’il s’agisse d’un capitalisme privé ou d’un capitalisme d’état.
Bien cordialement.
Paul Tréhin
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