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Nov 26

Ruines

 La parole institutionnelle est en ruines

 Mais pourquoi l’autorité des paroles institutionnelles est-elle à terre? C’est la question à laquelle les paroles institutionnelles ont le moins envie de répondre.

On les comprend : l’examen de conscience promet d’être douloureux, autant s’en dispenser — et maintenir le problème bien circonscrit au cerveau des complotistes .

 C’est que l’autorité des paroles institutionnelles n’a pas été effondrée du dehors par quelque choc exogène adverse : elle s’est auto-effondrée, sous le poids de tous ses manquements.

 À commencer par le mensonge des institutions de pouvoir.

Les politiques publiques n’apportent pas le bien aux gens, il y a un écart et pour combler cet écart sans toucher à l’essentiel on a recours aux mots.

La parole des institutions masque la réalité de politiques anti-sociales, de ces politiques favorables exclusivement au capital alors qu’elles se prétendent d’intérêt général.

Elle masque leurs effets, leurs résultats.

Le capitalisme néolibéral a déchaîné les intérêts les plus puissants, or là où les intérêts croissent, la vérité trépasse.

C’est qu’il faut bien accommoder la contradiction entre des politiques publiques forcenées et l’effet qu’elles font aux gens.

 Or pour combler ce genre d’écart, quand on a décidé de ne pas toucher aux causes de l’écart, il n’y a que le secours des mots.

 Vient forcément le moment où l’autorité de la parole institutionnelle s’effondre parce que l’écart entre ce qu’elle dit et ce que les gens expérimentent n’est plus soutenable d’aucune manière.

 En fait c’est très simple : pourquoi les paroles institutionnelles s’effondrent-elles?

Parce que, dans le temps même où elles présidaient au délabrement de la société, elles auront, chacune dans leur genre, ou trop menti, ou trop couvert, ou trop laissé passer, ou trop regardé ailleurs, ou trop léché, que ça s’est trop vu, et qu’à un moment, ça se paye.

Le complotisme est en roue libre, c’est le moment de l’addition.

D’après Frederic Lordon

 

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