Existe-t-il des politiciens responsables et au pouvoir ? Si c’était le cas, cela se saurait, et nous n’en serions pas la !
Manipulations et interventions ne servent qu’à gagner un peu de temps mais pas à changer la réalité! par Pierre Leconte
La semaine qui vient de d’écouler a été fertile en manipulations et interventions de toutes sortes montrant que les “Goldman Sachs Boys”, qui dirigent dorénavant la BCE et les nouveaux gouvernements italien et grec, ont commencé à agir avec leurs sacs de “farces et attrapes” (ce qui va permettre à certains oligarques de la finance et de la politique de réaliser de juteux profits aux frais des contribuables) et que les marchés financiers sont transformés par les banques centrales en casinos.
Alors que l’Italie comme plusieurs autres Etats européens se trouvent en situation d’insolvabilité, il a été annoncé dimanche dernier juste avant l’ouverture des marchés en Asie par un quotidien proche de Mario Monti que ce pays allait être sauvé par un prêt de 600 milliards d’euros du FMI. Ce qui a suffi pour enclencher en Asie une forte de reprise des marchés d’actions (due au short covering et aux programmes de high frequency trading qui sont alors entrés en action) s’amplifiant à l’ouverture des marchés européens puis US.
Nouvelle très rapidement démentie par le FMI, d’autant plus stupide que le FMI ne détient au total comme actifs que 400 milliards (non compté son or) et que ses principaux actionnaires ne sont toujours pas d’accord pour augmenter leurs participations à cette organisation ni pour vendre son or.
Ensuite, les principales banques centrales sont intervenues mercredi pour apporter plus de liquidités à un moindre coût aux pays de la zone euro, d’autant qu’une importante banque privée européenne se trouvait au bord de la faillite. Il s’en suivit une nouvelle forte hausse supplémentaire des marchés d’actions accompagnée d’une correction modérée à la hausse de l’euro/dollar US, des métaux précieux et des matières premières.
L’exubérance irrationnelle dont ont fait preuve les investisseurs n’est en rien motivée. D’une part, parce que tout cela veut dire que le système monétaire et bancaire européen est au bord de l’implosion. D’autre part, parce que la crise d’endettement européenne de nature systémique ne peut plus être traitée que par des mesures systémiques politiques.
Quant aux marchés d’actions, dont la performance a été très négative cette année, les voir monter en 3 jours de plus de près de 9% dénote qu’il s’agit d’un “rally” de “bear markets” (et non pas de “bull markets” alimentés par l’accroissement progressif de la valeur des entreprises).
Si les dirigeants de l’Allemagne et d’autres États-membres du nord de la zone euro ne transforment pas la BCE en “Federal Reserve européenne” en l’autorisant à acheter en masse à guichet ouvert puis à monétiser les obligations d’Etat émises par la quasi totalité des 17 Etats de ladite zone, l’euro dans sa forme actuelle ne passera pas la fin d’année 2011 voire le début 2012.
Le problème c’est que s’ils vont dans ce sens, ils casseront ce qui reste de crédibilité à la BCE et trahiront ses statuts comme tous les traités européens lui interdisant de prêter aux Etats, ce qui serait un coup de force illégal entraînant une cascade de litiges. Sans compter que Merkel commettrait un suicide politique parce que le peuple allemand n’accepterait pas le risque d’hyper-inflation et de perte massive de son pouvoir d’achat qui résulteraient rapidement d’une telle folie.
Car il s’agit bien d’une folie que d’imaginer de généraliser à l’Europe puis au monde entier le modèle keynésien de création monétaire ex nihilo, de crédit à gogo et de Quantitative Easing à l’Américaine et ainsi de casser à terme toute possibilité de revenir aux “grands équilibres” budgétaires, économiques et monétaires, sans lesquels tout ne serait que fuite en avant dans la grande bulle spéculative globale.
Nous persistons à penser que cela ne se produira pas, certains politiciens responsables gardant tout de même un peu de bon sens, et donc que la zone euro qui n’est plus viable implosera avec la sortie de plusieurs de ses États-membres, la restructuration (c’est-à-dire la répudiation) de leurs dettes et plusieurs faillites ou nationalisations bancaires importantes.
A propos de la possibilité pour la BCE de prêter des fonds au FMI que ce dernier re-prêterait aux Etats européens en faillite, il faut savoir que lorsque le FMI prête à un Etat il en devient le créancier prioritaire, ce qui aurait pour conséquence que tous les détenteurs actuels et futurs d’obligations desdits Etats ne pourraient plus être éventuellement remboursés qu’après le remboursement du FMI d’abord. Une telle initiative plomberait à terme le marché obligataire européen y compris allemand qui deviendrait un marché de “junk bonds”.
Quant à généraliser à tous les Etats européens insolvables ou qui ne peuvent plus se financer à des taux corrects le traitement actuel de la Grèce, c’est-à-dire un “haircut” de 50% de la dette publique, cela entraînerait des pertes massives pour les investisseurs en obligations d’Etat avec contamination aux obligations d’entreprises (”corporates”) qui ne voudraient plus en acheter, tout en empêchant lesdits pays de revenir à leurs anciennes monnaies nationales, seul moyen de leur permettre de retrouver ainsi leur compétitivité et de réduire le poids de leurs dettes dorénavant converties dans ces monnaies, cela reviendrait à casser durablement leur croissance économique et à y perpétuer le chômage de masse jusqu’à l’explosion politico-sociale.
Il n’y aura pas de remboursement des dettes publiques ou privées sans croissance économique soutenue, sinon cela finira par un défaut généralisé en Europe avec des conséquences dramatiques pour tous les marchés financiers. Autant prendre les devant en laissant sortir de l’euro tous les Etats qu’il étouffe.
Quant à organiser la monétisation des dettes par la BCE, ce serait la plus grande bêtise du siècle qui aggraverait tous les déséquilibres à terme parce qu’inondant l’Europe de fausse monnaie ! Le plus grand économiste du XXème siècle Ludwig von Mises ayant fait la démonstration que “les crises économiques sont provoquées par les politiques monétaires expansionnistes des banques centrales”, la BCE agissant comme prêteur en dernier ressort ce serait à terme organiser la plus grande crise jamais connue dont le monde entier ne se remettrait plus pour vainement tenter de sauver une monnaie structurellement inadaptée…
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