Cher Paul Jorion,
Je suis économiste de formation et homme d’affaire. J’ai lu avec plaisir votre livre « L’argent mode d’emploi ».
Votre distinction entre monnaie et reconnaissance de dette est essentielle, car la monnaie est théoriquement sans risque si le souverain ne fait pas trop de bêtises, alors que le chèque ou la traite font un peu peur au receveur qui veut être sûr que la banque réceptrice l’encaissera ou pourra escompter la traite si vous êtes pressé. La quasi-monnaie des économistes est effectivement un peu fourre tout et vos distinctions sont précieuses.
Mais la monnaie elle-même est une reconnaissance de dette de l’Etat émetteur qui devait à l’origine vous fournir l’équivalent or ou argent physique du bout de papier qui circule et qui ne vaut rien, si vous voulez matérialiser votre billet.
Donc en fait le risque est partout puisque la garantie de nos dépôts à vue en monnaie étatique est aussi un peu risquée.
Donc vous ne pouvez abuser de la distinction monnaie/reconnaissance de dette et absolutiser le raisonnement, ce que vous ne faites pas d’ailleurs. Je vous suis à peu près lorsque la garantie or de la monnaie en circulation n’est pas trop basse. Nous sommes en science humaine pas en science exacte. Je préfère l’anthropologue qui philosophe à l’économiste qui se croit en science exacte, par prétention exagérée.
Comme les économistes nous enseignent gentiment que l’on va vers toujours plus de dématérialisation de la monnaie pour faciliter les transactions, nous vivons effectivement de virements électroniques et de transactions qui constituent une masse monétaire plus ou moins liquides (M1, M2, M3). Mais au final nous escomptions jadis que l’Etat émetteur pourrait nous fournir l’équivalent physique de notre monnaie alors que maintenant cela nous paraît superfétatoire sauf en période de suspicion légitime sur l’activité d’émission monétaire inconsidérée de l’Etat.
J’aime votre approche car vous introduisez le temps sur la reconnaissance de dette, alors que la monnaie est sensée être un instantané de transactions, et le temps c’est le risque.
Je ne vois d’ailleurs pas de critique financière à votre approche puisque les bilans de nos sociétés sont classés par liquidité exigibilité, donc tout le monde est bien obligé de raisonner disponibilités plus ou moins immédiates plus ou moins risquées.
En fait vous faites oeuvre de pédagogue dans un monde où les économistes pourraient recevoir des leçons de clarté.
Sans commentaire : clair et limpide (hélas car le mal est fait).
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