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Mar 17

Le battement d’ailes ?

A Nicosie, l’os est dur à avaler. Il est impératif de faire adopter par le parlement le plan de sauvetage européen avant la réouverture des banques mardi prochain, lundi étant férié à Chypre.

Encore faut-il trouver une majorité, car le parti du nouveau président de droite, Nicos Anastasadies, ne dispose que de 20 des 56 sièges et les partenaires de la coalition gouvernementale ont émis de sérieuses réserves. La session d’urgence programmée pour dimanche a déjà été repoussée à lundi et si une majorité n’est pas réunie, il ne restera plus comme solution que de fermer les banques mardi, afin d’éviter des retraits massifs des dépôts précipitant la chute du système bancaire et rendant caduc le plan de sauvetage.

On a depuis appris que c’est la BCE qui avait emporté l’assentiment du gouvernement chypriote, ne lui laissant pas le choix, en menaçant de retirer de la Bank of Cyprus et de Laiki – les deux principales banques du pays – les fonds accordés au titre de l’ELA (Emergency liquidity assistance).

Les distributeurs de billets ont été vidés dès samedi et les virements en ligne bloqués. Des centaines de chypriotes se sont dirigées vers les portes closes des banques pour retirer leur argent, car si elles sont habituellement ouvertes le samedi, celui-ci était férié comme le sera lundi. Nous saurons vite si cela a été bien joué.

Les répercussions ne sont pas uniquement nationales, le gouvernement britannique venant d’annoncer que les 3.000 militaires et les fonctionnaires britanniques résidents à Chypre (où il y a une importante base militaire) bénéficieront d’une compensation. Il est estimé que la moitié des 68 milliards de dépôts dans les banques chypriotes ont des Russes et des Britanniques comme détenteurs.

 Billet de François Leclerc sur le blog de P.Jorion  www.pauljorion.com

Dans ce contexte survient le samedi 16 mars l’annonce de l’accord sur Chypre, et de ses conséquences. Le gouvernement de Nicosie, pour obtenir le soutien de l’Union Européenne, a dû mettre en œuvre une mesure extrêmement dangereuse : un prélèvement direct sur les comptes bancaires. Les effets de cette mesure ne se feront probablement pas attendre dans les autres pays. En effet, à Chypre même, des queues se formaient devant les banques pour retirer l’argent des comptes, mais sans effets car le gouvernement avait gelé la veille les montants. Mais ce qui est arrivé aux Chypriotes va servir de leçon pour les autres pays. Une telle mesure est parfaitement envisageable en Grèce, en raison de l’effondrement des recettes fiscales. La logique de la situation serait que l’on assiste à un « bank run », une panique bancaire en Grèce, puis probablement en Espagne et en Italie.

Concrètement, la situation de la Grèce a connu une nouvelle aggravation, dont les effets seront manifestes d’ici à juillet prochain. Mais la combinaison de cette situation et du faux-pas des autorités à Chypre risque de confronter les autres pays en crise ouverte, l’Espagne, le Portugal et sans doute l’Italie, à la perspective de paniques bancaires qui, même si elles ne sont pas justifiées, seront extrêmement difficiles à contrôler.

 La TROÏKA veut continuer de voir couler le sang de la Grèce par ses veines grandes ouvertes, mais ce sang ne va pas tarder à nous éclabousser.

Jacques Sapir.

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