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Nov 11

Commentaire : 68 ++

Comme quoi trois générations ne suffisent pas à composer une famille digne de ce nom, ni d´ailleurs trois « familles politiques », gauche, droite, écolos, à forcément incarner une nation.

Trois générations. L´une n´a pas encore fini de nuire, l´autre peut encore nous surprendre, la troisième n´a devant elle que son avenir.

Alors disons donc plutôt trois enfances, trois jeunesses :

La première en a été spoliée par la guerre, et en a conçu un ressentiment certain qui s´est manifesté par le désir de prendre une revanche compréhensible en prolongeant son existence de toutes les manières possibles, accumulant les richesses, privilégiant le confort, la sécurité, se munissant de toutes les assurances possibles et imaginables, complexifiant nos sociétés au delà du raisonnable dans la religion d´un matérialisme existentiel effréné et totalement assumé, en toute légitimité et bonne conscience, « ils en ont chié ».

Leurs enfants ont été, eux par contre, allaités de mauvaise conscience, les « vous ne savez pas la chance que vous avez », « il vous faudrait une bonne guerre », et poussés sans merci dans les études afin de sacrifier à la religion de l´arrivisme et de la volonté de puissance, ceci pour conforter la situation de leurs parents.

C´est ainsi que Mai 68 ne fut jamais rien d´autre que « la revendication au droit d´être jeune », sans nul autre message finalement que de pouvoir être libre, léger, insouciant, et s´adonner sans mauvaise conscience aux plaisirs de cet âge, amour, musique, drogue, conneries en tout genre. Donc légitime aussi.

Malheureusement, ce mouvement n´a jamais trouvé d´aboutissement logique, a surfé par la suite sur la vague de la prospérité acquise, et abouti à une autre religion, celle de l´immaturité, de la consommation débridée, les ex-jeunes continuant dans la recherche d´un bonheur hédoniste basé sur la jouissance du patrimoine.

Mais ce qui était légitime pour des jeunes de 20 ans l´est beaucoup moins pour des pères de famille de 60 piges investis de responsabilités, les amours innocentes deviennent vices, maîtresses, divorces, les joujoux coûtent de plus en plus chers, tout devient drogue et justifie tous les actes, qu´on puisse continuer à tout se permettre sans vergogne, sans morale. On dilapide.

Nous avons donc une génération privée de jeunesse qui s´est récupérée en rallongeant la durée et la qualité de son existence, et la suivante qui en a tellement bien revendiqué son propre droit qu´elle est désormais prête à tout pour la prolonger, sport, régime, chirurgie esthétique, bronzage, vacances, loisirs, viagra, partouzes, etc.…, à la limite du pathétique.

Les slogans de l´après-guerre, « on a que le bon temps qu´on se donne », « toujours ça que les Allemands n´auront pas », puis ceux de Mai 68, « interdit d´interdire », « sous les pavés la plage », étaient certes de circonstance à l´époque mais ont laissé une forte empreinte dans les mentalités et, faute de renouvellement, motivent encore aujourd´hui tous les débordements en matière de gabegie, d´irresponsabilité et de comportements abusifs.

Les petits-enfants ? Je me suis fait dernièrement une réflexion bizarre au sujet de mes propres enfants qui ont 18 et 16 ans, j´en ai 55, et dont la personnalité commence à s´affirmer.

 J´ai remarqué qu´ils me ressemblent, rien d´extraordinaire, mais pas comme j´étais à leur âge, ils me ressemblent comme je suis aujourd´hui.

Et lorsque je suis avec eux, j´ai l´impression que c´est moi le gosse, et que ce sont eux les adultes. Je ne voudrais pas pour autant perdre mon âme d´enfant, mais j´aimerais bien quand même qu´ils rigolent un peu plus. Mais peut-être ont-ils raison, et que l´époque n´est plus à la rigolade. Surtout pour eux. J´espère juste qu´ils n´en baveront pas trop.

Exigence personnelle, valeur de l´exemple. On dit souvent que les enfants sont porteurs de nos espoirs, il serait bon aussi que nos espoirs soient porteurs de leur avenir.

 

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