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Oct 24

yue yue

Il va sans dire que j’ai longuement hésité à écrire ce billet.

Je m’y suis finalement résolu – me doutant bien des critiques qui me seront faites, du racolage à la non pertinence par rapport à l’objet et la construction de ce blog. Pourtant, faire des graphiques sur le PIB c’est bien, mais réfléchir à la condition humaine, c’est quand même mieux…

Vous aurez noté que cette semaine nos médias ont été bien fournis de reportages (?) sur la naissance de la “princesse héritière de la Présipauté française” (j’ai d’ailleurs une pensée émue pour les journalistes qui ont campé 3 semaines devant la clinique de la Muette – voilà du temps d’investigation bien utilisé en octobre 2011…).

Pourtant, l’évènement qui aura marqué une partie de l’Humanité cette semaine aura plutôt été le décès accidentel de Yue Yue, petite fille chinoise de deux ans.

Cet évènement, qui aura pu en rester à la rubrique “fait divers”, illustre pourtant bien l’égocentrisme, l’individualisme, l’égoïsme de nos sociétés – qui est évidemment une des causes de la perte de sens moral et éthique qui aboutit aussi à la Crise actuelle. Pas de subprimes, pas de crédit Dexia indexé sur le cours roupie / dinar, pas de bonus de millions d’euros, pas de dette gigantesque grevant la génération suivante, pas d’exploitation de travailleurs chinois perdant leur santé pour des cacahuètes à fabriquer des IPhone 70 heures par semaine, quand une société n’est pas déboussolée et garde repères et sens moral.

Finalement, il est assez ironique de voir que la satisfaction de nos besoins vitaux, essentiels, accessoires puis superflus aura entraîné une perte inouïe de solidarité tant avec nos frères de l’autre côté de la planète, que même avec notre propre voisin de palier…

L’histoire de la pauvre Yue Yue illustre parfaitement ceci, et c’est pour cela que j’ai décidé d’en parler, pour qu’au moins cette affreuse mort ait au moins un petit impact sur le cours des choses.

Yue Yue (en réalité Wang Yue) a été écrasée par une camionnette le 13 octobre. Elle a agonisé une semaine et est partie vendredi dernier.

Rien qu’un “banal” accident de la route” dans la ville de Foshan dans la province du Guangdong dans le sud de la Chine, près de Hong Kong.

Ce qui n’était pas banal, c’est qu’il est survenu devant une caméra de vidéo-surveillance.

Et ce qui justifie ce billet, c’est ce qui est arrivé ensuite – d’ailleurs particulièrement intriguant au pays de l’enfant unique.

Car non seulement le conducteur de la camionnette ne s’est nullement arrêté pour s’occuper d’elle, mais il a pris la fuite après l’avoir écrasée de nouveau pour tenter de l’achever (il a expliqué par la suite que si elle mourrait, l’amende de 10 000 yuans = 1 100 € serait 10 fois moins chère que si elle survivait handicapée – le tout pesé en 2 secondes chrono comme on le voit…) – bref, un joli spécimen de barbare.

En revanche, la chose totalement incroyable, c’est la réaction de la masse des passants qui pour le coup, n’a aucune réaction et passe son chemin comme si de rien n’était, voire l’écrase une troisième fois, – à se demander s’ils n’auraient pas plus réagi pour un chien écrasé…

Et on ne parle pas de 1, 2 ou 3 passants, mais 18 !!!

Les réactions ont été vives en Chine, qui nous renvoie toute la noirceur dont notre espèce peut être capable.

“Toute la semaine, le sort de Wang Yue (sa vraie identité, Yue Yue étant son surnom) a suscité des réactions indignées, qui ont redoublé avec son décès.

Les puissants réseaux sociaux chinois, caisse de résonance de l’opinion publique, se sont emparés de cette tragique histoire, mais aussi la presse d’Etat.

“Cette société est gravement malade. Même les chiens et les chats ne devraient pas être traités de façon aussi inhumaine”, a ainsi estimé un internaute sur Sina Weibo, l’équivalent chinois de Twitter.

Le drame a été vu comme l’illustration d’une dérive de la société chinoise: beaucoup sont convaincus que le rapide développement économique du pays et l’enrichissement général de la population s’accompagnent d’une montée de l’égoïsme et d’une perte des valeurs collectives de solidarité mises en avant par le passé.

La mort de Yue Yue restait vendredi l’un des principaux sujets de débats sur les sites de microblogs chinois.

“Adieu petite Yue Yue. Il n’y a pas de voitures au paradis”, a écrit un internaute.

Aujourd’hui la Chine ne dispose pas de loi pénalisant la non-assistance à personne en danger, a souligné le quotidien, et le pays est loin d’un consensus sur les bienfaits d’une telle loi.

“Il serait plus approprié d’établir un système récompensant ceux qui aident plutôt que de punir ceux qui ne le font pas”, a-t-il jugé dans un éditorial.” [Libération]

Les mots me manquent à ce stade – beaucoup d’animaux n’auraient pas laissé un petit sans soins, conscients de l’importance de la préservation de l’espèce.

Mais finalement, est-ce si étonnant quand une espèce détruit son propre biotope, ainsi que son système économique…

 Olivier Berruyer

  Pour émerger, cela émerge et même nous dépasse du moins …………… peut-on l’espérer !

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