[Comme tous ceux qui en ont pris vraiment le savent, un risque reste toujours un risque et on ne peut jamais l’éliminer complètement. La seule chose que l’on puisse faire c’est travailler à minimiser ses conséquences. Par ailleurs tenter de l ‘éliminer en complexifiant les modèles revient en fait à l’augmenter et parfois dans des proportions considérables. Dures lois de la nature]-alpha.b
Comme la démonstration vient d’en être faite avec brio et en grandeur réelle par JP Morgan Chase, la Value at Risk (VaR) est un instrument de l’évaluation du risque qui, bien que systématiquement utilisé, est totalement trompeur.
À l’origine employée dans le secteur de l’assurance, la VaR a été introduite fin des années 80 dans les banques américaines, JP Morgan Chase créant en 1994 son service gratuit intitulé RiskMetrics destiné à la promouvoir, ce qui en a alors fait le spécialiste. Le Comité de Bâle institua en 1996 un modèle standard de calcul de la VaR, les banques utilisant jusqu’alors des modèles propriétaires soumis à l’approbation du régulateur.
Avec un tel pedigree et après un tel nouvel échec retentissant, la VaR est un des symboles les plus accomplis des errements de l’activité financière. Elle est née alors que cette dernière était en plein essor et que ses artisans étaient persuadés savoir mesurer le risque, et d’être même capables de le faire quasiment disparaître en le faisant prendre à d’autres pour le diluer…
Vu le bouillon que JP Morgan Chase vient de prendre, cela ne manque pas d’ironie rétrospectivement. D’un montant annoncé de deux milliards de dollars, ce gadin pourrait atteindre jusqu’à 100 milliards de dollars dans le pire des cas.
D’après The Independent de Londres, on en serait déjà à 7 milliards de dollars. 100 milliards est le volume des actifs structurés que la banque a acquis, asséchant ainsi le marché de certains produits structurés ; trouvant en conséquence difficilement des contreparties pour déboucler son énorme position.
Pour se financer, la banque s’était auparavant délestée de bons du Trésor américain, au rendement trop faible. Puis, en raison des risques pris, elle a voulu se couvrir et s’est magistralement prise toute seule les pieds dans le tapis en engageant des paris si complexes qu’elle ne les a pas maîtrisés. C’est tout du moins l’explication que laisse supposer JP Morgan, dont des analystes doutent. L’affaire est loin d’être finie.
Il y a deux moralités à cette histoire très amorale. La première est que la gestion du risque financier reste un pari comme un autre, qui peut donc être perdu ; la seconde est qu’il ne fait pas bon avoir une telle taille de bilan et de disposer des moyens de se lancer dans des spéculations de cette ampleur !
Selon le même processus, somme toute, que ces nationalisations des pertes qui interviennent quand les bénéfices se sont taris. En plus grand et plus masqué, c’est la répétition du sauvetage des banques dans l’affolement du début de la crise qui est en cours. Mais il y a décidément quelque chose qui cloche, car il ne se déroule pas comme envisagé.
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