[Savoureux]-alpha.b
Tu as beaucoup de pognon et tu en veux encore plus, mais les temps sont durs ? Rien de tel qu’une recette traditionnelle du terroir bancaire pour te refaire la cerise avant l’hiver.
Le soufflé aux truffes (à la mode 2.0)
Ingrédients :
– Une terrine à truffes,
– De la croyance en motte,
– Une compagnie sujette à l’aérophagie mais qui ne sait même pas vendre du vent,
– Des banques complices,
– Des médias feignants,
– Un bol à niais,
– Un cigare.
Préparation (pour un plat à déguster entre initiés) :
Enduis le fond de ton plat avec un forcing des conseillers investissement des réseaux bancaires. C’est l’opération la plus délicate. Ton invité: le vioque à cagnotte de la classe moyenne. ll a déjà été intoxiqué par tes plats précédents alors n’hésite pas à être généreux avec le beurrage de terrine. Échaudé par l’immobilier dans lequel il s’était réfugié après le krach de 2008, tremblant que les communistes hollandais lui piquent son épargne, il rechigne à investir dans la PME innovante en bas de chez lui, mais pas dans un truc conçu à 13 heures d’avion dont on lui répète à la télé qu’il révolutionne la vie telle qu’on l’a connait dans les faubourgs de Saint-Dié. Même que son gamin lui a ouvert un compte dont il a perdu le mot de passe. Alors tu vois, le truc il maîtrise grave.
Par chance, la croyance étant une matière première abondante et gratuite de cette bonne vieille humanité: vas-y gaiement. Depuis le temps s’il ne t’as pas égorgé au décapsuleur rouillé, c’est que 1 / Il lui reste de la thune 2 / Il te reste encore de la marge pour lui piquer.
Prends une entreprise de la technologie des internets qui impressionne vachement avec ses patrons milliardaires. Il est primordial qu’ils soient bien riches. Les chiffres indécents auront raison des dernières capacités de résistance intellectuelle des croyants et provoqueront même chez eux des débuts d’érection. Cette jeune compagnie régulièrement encensée dans Capital avec sa tête d’affiche, la quiche à capuche qui gagne un smic par minute à ne rien faire, fera l’affaire.
Le truc n’a pas de business model ? Pas grave. Fais l’article de son fichier clients d’un milliard et tartine les truffes avec la certitude qu’à 2 milliards de fichés, elle en gagnera. Dans un bol, monte ta mayonnaise avec une bonne dose de presse spécialisée à ta botte et reverse allègrement (via ses chroniqueurs VRP) sur les autres médias d’info-feuilleton à base de « success story américaine« , « géant de l’internet » et autre « certains experts jugent déjà que toute hausse en dessous de 50% serait décevante« . Voilà qui devrait bloquer quelques jours les remontées acides de bulle internet version 2000.
Les derniers jours avant l’entrée en bourse, imprime les menus gourmands avec des beaux graphiques qui montent bien haut et des blondes hilares. Bref, communique à fond. Il est important d’agir vite et fort pour vitrifier la réflexion. Derrière les fourneaux, achète un paquet d’actions au prix de gros (on s’en fout c’est toi qui fixe le prix et le nombre) et agrémente ça d’une dose de produits dérivés pariant le machin à la baisse sous 5 jours. Fais monter le plat thermostat hystérie et juste avant de servir, repends la rumeur qu’il y’en aura pas pour tout le monde.
Mets de côté les pessimistes prévisions de tes analystes, elles serviront plus tard.
Vient l’heure de déguster. Le démoulage est délicat, on passe très vite du chaud au froid. Le jour d’introduction, tu laisses monter un peu avant de couper massivement. Tu refourgues ta daube glacée aux nouveaux arrivants affamés au prix que tu as décidé. Passe en force. Avec tes millions d’actions, t’es prioritaire. Ils auront tellement envie d’en croquer qu’ils s’entre-tueront pour être les premiers à t’acheter 10 en pensant ce que ça vaut 20 ce qui vaut 1.
Fin du repas. Tu t’es bien gavé. Pour le dessert, en complément d’une vieille liqueur ou d’un cigare, je te conseille de distribuer sur plateau doré les analyses financières mises de côté concernant l’avenir un peu carbonisé du soufflé. Les croyants terrorisés vont vendre en masse. Super. Regagne une 2e fois en empochant les bénéfices de tes paris à la baisse. Les aigreurs d’estomac des fauchés sont toujours un délice pour la digestion des rentiers.
Ne te laisse pas impressionner par les mauvaises critiques gastronomiques et autres victimes d’une crise de foie souhaitant rehausser le plat à la purée d’avocats. Recommence dans quelques mois… ils auront tout oublié.
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