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Déc 20

Une époque extra-ordinaire

Ce qui rend notre époque extraordinaire est le volume extravagant de dettes publiques et privées avec lequel nos sociétés vivent.

Il avoisine 300 % du PIB mondial . Les créditeurs fournissent inlassablement du pouvoir d’achat aux débiteurs pour qu’ils assurent par leur consommation la pérennité du système économique et social sans lequel les créditeurs risqueraient la faillite.

Il existe donc un rapport de force subtil entre les réputés riches prêteurs et les réputés pauvres emprunteurs puisqu’ils forment un couple complémentaire inséparable, uni pour le meilleur comme pour le pire.

Manifestement, la masse croissante de dettes est, chaque jour qui passe, de moins en moins « remboursable », en théorie comme en pratique ; ce qui amène à la révision de la définition du mot dette qui en vient à désigner, au niveau macro-économique, un simple droit à percevoir une rente sous la forme d’un taux d’intérêt, en compensation du renoncement inéluctable au capital légalement prêté.

Cependant, le poids énorme de ladite dette et la sur-offre de liquidités dont elle est la contrepartie, écrasent les taux d’intérêt qui au mieux, égalent les taux d’inflation courants aussi faibles soient-ils.

En conséquence, le capital « prêté » ressemble de plus en plus à du capital potentiellement « perdu » sans compensation réelle pour le bailleur.

Il faut regarder en face le fait que le monde ne pourrait pas porter plus longtemps sa dette si l’activité économique stagnait. Pour cette raison, la réduction de la croissance mondiale annonce un danger imminent autant qu’éminent.

Une croissance moyenne descendant au dessous de 3 %, signifierait de la récession dans les zones développées où un nombre considérable d’entreprises et d’institutions publiques et privées, structurellement non rentables, tenues en vie grâce à l’endettement gratuit sans fin, seraient déséquilibrées et entraîneraient dans leur chute leurs banques et sûrement une partie du système financier par effet domino.

La prochaine grande récession sera un « nettoyage » du tissu économique, les entreprises non-rentables et surendettées céderont la place aux entreprises rentables, comme il se doit dans une économie saine ; mais ce processus laissera des trous béants, pour ne pas dire des gouffres, dans le bilan des banques et des épargnants.

On pourrait placer son espoir dans le progrès technologique, le comparer à l’arrivée du chemin-de-fer ou de l’électricité qui furent, en leur temps, source de croissance économique fulgurante mais les nouvelles technologies, sources de confort et de progrès pour des millions de gens, sont aussi cause de rupture économique.

L’internet, Amazon, AirBnB, la robotisation, redistribuent les cartes du jeu économique, créent des emplois, augmentent la productivité de certaines entreprises mais en ruinent d’autres, détruisent énormément d’emplois dans des secteurs historiques devenus en quelques années désuets comme celui de la distribution.

Il n’y a pas de poudre de perlimpinpin pour changer la réalité. Une tendance négative durable des taux de croissance annoncerait la fin d’un film d’économie-fiction qui décrit un univers où la richesse sort miraculeusement des banques centrales.

Extraits d’un article de jean pierre Nikolus contrepoints.org

 

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