Starbucks se transforme en Pôle Emploi !
Publié le 05 octobre 2011
Une marque peut-elle réellement changer le destin d’un pays ? Peut elle aller à l’encontre d’un système économique et politique ayant contribué à sa croissance ? Le cafetier lance un programme intitulé «Jobs for USA», qui pourrait aussi devenir un mouvement…
Pour ceux qui l’ignoraient encore, notre civilisation vit une crise sans aucune commune mesure. Notre système s’effondre tranquillement, et hormis colmater les brèches, les décideurs de ce monde, qu’ils soient politiques ou économiques paraissent volontairement ou pas, désarmés face à cette lente sinistrose qui recouvre l’intégralité du Globe.
Pourtant, certaines initiatives commencent à pointer le bout de leur nez dont celle qui vient d’être initiée par le président de Starbucks, Howard Schultz. Partant du postulat qu’il y a aux Etats-Unis un énorme désaveu du peuple envers les institutions, et qu’il faut arrêter d’attendre des solutions qui ne viendront jamais, Starbucks a décidé de proposer aux Américains, des emplois ailleurs que dans ses établissements.
La marque, classée 96è au dernier classement Interbrand 2011, vient de mettre en place «Jobs for USA». L’opération lancée pour une durée illimitée, commencera dès le 1er novembre. Tous les cafés de la société seront mis à contribution en proposant aux clients de donner une somme minimale de 5 dollars qui sera directement reversée au «Opportunity Finance Network» (OFN), dont la mission sera de répartir équitablement les fonds perçus, à des petits entrepreneurs ou à la création de projets locaux.
Pour donner la première impulsion, Starbucks va verser de sa poche une enveloppe de 5 millions de Dollars provenant directement de sa fondation. Et parfois, d’un programme à un mouvement patriote, comme seuls les Américains savent le faire, il n’y a qu’un pas. Chaque donateur recevra un bracelet aux couleurs du «Stars and Stripes», avec une petite plaque sur laquelle figurera la mention «indivisible»… Rien de mieux pour rendre fier de sa contribution un fils de l’Oncle Sam.
Mais le plus étonnant, contrairement à d’autres marques comme Pepsi qui aident aussi les communautés à se redresser, est le discours de Starbucks et son président Howard Schultz. Ses propos tenus sur ABC NEWS la semaine dernière ont été très durs : «les divisions au sein de l’Amérique sont avant tout dues à une énorme crise de confiance envers notre économie. Il n’y a pas de division entre les patrons et les travailleurs. Le problème est surtout de savoir ce qui se passe à la Maison Blanche et pourquoi le gouvernement n’amène aucune solution».
Une véritable charge contre l’administration Obama, qui fait désormais de Starbucks, une marque engagée tenant un discours du même acabit qu’une ONG comme Greenpeace…
Alors oui, on le sait. L’avenir appartient aux marques. Leur puissance économique est telle qu’elles ne se contenteront bientôt plus de faire uniquement du lobbying discret, mais pourraient prendre partie et devenir un véritable contre-pouvoir. Une force qui aurait l’image du défenseur de la veuve et de l’orphelin contre les méchants gouvernements…
H.Schultz pense même que sa contribution va aider les USA à sortir de la récession en misant sur l’économie locale mais aussi influencer d’autres marques et les persuader de suivre son exemple. Starbucks ne s’arrête pas à ce projet puisque la marque vient aussi de créer la sensation en ouvrant à New York et Los Angeles deux établissements en partenariat avec des associations et qui proposeront des produits bon marché pour les moins fortunés.
Avec 200 personnes employées par jour, un plan d’embauche de 70 000 personnes respecté pour 2011, 200 nouveaux magasins ouverts sur le territoire et plus de 1700 qui vont être rénovés, Starbucks a de quoi faire valoir ses prises de position. Le cafetier n’hésite pas à mettre en avant sa valeur ajoutée dans le développement communautaire des villes américaines, et tant qu’il aura le vent en poupe, le message restera tranchant.
Le comportement de Starbucks pourrait inspirer d’autres grandes marques mondiales désireuses de relancer l’économie pour leurs bien en s’engageant dans un discours qui ne serait plus aseptisé. Les marques vont-elles se mettre à faire de la politique et du politique ? Ce qui peut paraître grossier aujourd’hui, ne le sera peut-être pas pour les futures générations…
Gaël Clouzard
Source: @luckthelady / thedailybeast.com / Starbucks.com
Si un groupe international (donc multinational) prend des initiatives comme celle la, cela veut bien dire que le monde d’avant est mort et que le décès est maintenant constaté par certains avant de l’être par de plus en plus de personnes.
Sans attendre le permis d’inhumer, nous n’avons donc pas tort de tenter de construire le prochain et en se bougeant un peu nous devrions pouvoir trouver des alliés.
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