Votre point sur la trituration par les mathématiques renvoie aussi à la place fondamentale de ces dernières dans les sciences. C’est d’ailleurs une question fondamentale en philosophie des sciences que de savoir pourquoi les maths sont aussi adaptées à la description du monde.
C’est particulièrement prégnant en physique fondamentale.
Ajoutons à cela la notion de causalité, elle aussi absolument essentielle en physique, qu’elle soit des particules ou cosmologique.
Il y a, pour moi, une volonté consciente d’appliquer cette méthodologie, démarche, scientifique à l’économie (pour ce que cela pourrait signifier), en la considérant comme une matière scientifique « dure ».
Or l’économie ne peut être isolée du reste des activités sociales et sa modélisation mathématique impliquerait de considérer tous les comportements humains, micro et macro, ainsi que l’évolution de tous les autres paramètres exogènes (le monde, la nature en gros…) et de les dériver avec une certitude absolue. Bon courage…
L’exemple de la lutte contre l’inflation que vous prenez souvent, est très bon : Volker devait réduire celle-ci, et il connaissait les paramètres dans lesquels il évoluait. En augmentant les taux progressivement, il a pu voir l’effet que son action, basée sur son analyse, avait pour but uniquement de réduire cette inflation. Et cette réduction d’inflation s’est faite PAR la réduction de la croissance et l’activité économique, en partie.
Mais nos Banques Centrales, elles, veulent non seulement cette inflation, mais surtout, recréer les conditions de celle-ci.
C’est-à-dire qu’au lieu d’une action sur un paramètre de l’activité économique pour en modifier un autre, elles pensent que la même action inverse va changer les conditions générales par le truchement de cette modification ;
Elles pensent qu’en baissant les taux, on va augmenter l’inflation (pourquoi pas après tout ?) mais surtout que les conditions dans lesquelles cette inflation va apparaître vont être identiques à celles où elles seraient apparues sans ce stimulus des BC.
En gros dans un environnement de croissance.
Ce qui ne fait pas de sens, car cela signifierait que c’est l’inflation qui est le moteur de l’activité économique, et non une conséquence.
Inversion, inversion, toujours…
La question est, bien sûr, y croient-ils ?
Ou se servent-ils simplement de la complexité apparente de leur raisonnement pour garder la tête haute ?
…….. mais apparemment ça commence quand même à beaucoup se voir…
Commentaire sur le blog de Bruno Bertez
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