Je ne suis pas mystique mais j’ai compris que la vraie beauté en ce monde se confondait nécessairement avec la bonté en un vaste et mystérieux gonflement de l’âme humaine, et que notre pauvre société désenchantée et individualiste en était par essence incapable
Car les gens doivent comprendre qu’ils vont vivre dans un monde de plus en plus laid. Que tout ce qu’ils aiment va disparaître, est en train de disparaitre. Les petits oiseaux, la mer bleue, le bon miel et les Noëls en famille. Leur environnement naturel, visuel, alimentaire, économique, matériel, moral, spirituel, ne va cesser de se dégrader, décennies après décennies.
Car le problème n’est pas dans les moyens. Mais dans la fin. Un monde qui ne propose que l’assouvissement des plaisirs individuels et matériels comme tout horizon à l’ambition humaine ne peut rien donner de bon. Ses fruits sont gâtés dès la racine. Et il n’est pas étonnant, que ce soit la bêtise, l’arbitraire, la pollution, la violence, l’uniformisation, l’isolement, la décomposition du corps social et la destruction familiale qui découlent et deviennent la norme de cette civilisation dénuée de toute dimension autre que matérielle
Oui mais voilà. Moi, je ne veux pas vivre dans un tel monde.
Si 1789 puis 1968 ont mis à l’honneur le relativisme et consacré le « progrès » comme l’alpha et l’oméga du phénomène humain donnant ainsi naissance à la société de consommation, à cette « société du Spectacle » qui se repaît du Rien.
Alors je veux faire l’inverse. Je veux ériger un monde dont la dynamique profonde soit la recherche du plein, du valable, du vrai, du grand, du bon, du difficile, du spirituel, du pur, de l’essentiel. C’est à dire du beau.
Car la beauté contrairement à ce qu’on nous assène ne relève pas de la pure subjectivité. Au contraire, si « la beauté sauvera le monde » (Dostoievski), c’est parce qu’elle est ce sentiment qui rassemble les hommes, qui les élèvent, et qui les fait véritablement accéder à l’humanité. « Est beau ce qui plaît universellement et sans concept » (Kant).
Oui je veux renverser ce système pourri et remplacer le progrès par la beauté comme maître-étalon de nos agissements sur cette Terre car ce serait redonner un regard à l’homme, c’est à dire lui redonner du discernement (beau et bon sont dans bien des langues un seul et même mot, comme kalosagathos en grec. Bref, c’est mettre Aristote à la place de Sartre, c’est mettre Quelque Chose à la place du Rien.
Et si ça commençait maintenant ?
Et si c’était l’heure de la revanche ? L’heure de la révolution du Paysan (celui qui en a marre qu’on lui dise de penser contre le bon-sens), de l’Aristocrate (celui qui en marre qu’on lui dise que tout se vaut alors que sa conduite prouve le contraire), et du Religieux (celui qui en marre qu’on lui dise que c’est un fanatique obscurantiste parce qu’il croit qu’il y a autre chose à espérer en cette terre qu’une rolex et des putes de luxe).
Combien de temps aurons-nous à subir encore leur tyrannie du Vide ? Ils ne croient plus en leur république sans foi, pas plus qu’ils ne croient en leur Grand Architecte de l’univers ou en leur laïcité dont ils sont si embarrassés aujourd’hui, puisqu’ils ne croient en rien.
Ils ont le « regard vide » (cf. Jean François Mattei) Et ils vont disparaître rattrapés et engloutis par le Rien qu’ils ont érigé en maître. Le nihilisme va bientôt retourner au néant auquel il appartient et d’où il n’aurait jamais dû sortir.
Extraits d’un article du scribe (24/03) sur Atlantico.fr
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