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Mai 20

Les droits de l’homme

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Il y a une énorme différence entre l’idéologie actuelle des droits de l’homme et la loi naturelle telle qu’elle était conçue par Aristote et les jurisconsultes romains. Cette loi reposait sur l’idée d’équité et était absolument étrangère à l’idée qu’un individu possède des droits. Dire le droit ou le juste, c’était toujours prendre en considération un contexte familial, social, politique et, à partir de là, énoncer objectivement ce qui revenait à chacun.

Aujourd’hui, ce qu’énoncent les divers cours de droit, c’est la manière dont un individu, un sujet, a été dépouillé de droits qui lui appartiennent dès sa naissance. C’est sur l’abstraction d’une humanité à la naissance qu’ont été édifiés non seulement les droits de l’homme, mais aussi les organisations soutenant ces droits, avec tout le personnel et les financements afférents.

Qu’on pardonne au philosophe que je suis d’avoir particulièrement apprécié le rôle qu’Alain de Benoist attribue au nominalisme et à Descartes dans la genèse des droits de l’homme. Le nominalisme est un mouvement philosophique qui, en un mot, postule que le réel n’est constitué que d’éléments séparés les uns des autres. Pour le dire simplement et trop simplement, il n’y a de réalité que singulière et sans contexte. Dans l’idéologie des droits de l’homme, celui-ci est également une réalité singulière avec rien autour, au-delà ou en deçà.

 La visée profonde de la globalisation est, pour Alain de Benoist, la construction d’un immense supermarché, construction dont les fondements sont évidemment les droits de l’homme conçus à partir de principes universels d’une part, de l’image d’un individu sans appartenances d’autre part. L’individu de Marx qui se gonfle jusqu’à se prendre pour un atome sans liens à autrui, on le rencontre aujourd’hui dans les supermarchés où il se gonfle jusqu’à devenir obèse.

Tout se passe comme si, à vouloir promouvoir une société globale, on était conduit à broyer le communautaire pour y trouver la poudre d’individus qu’on pourra réintégrer dans la farine du vivre-ensemble.

C’est en Occident que la conception d’un individu atomisé est née. On ne la retrouve pas dans d’autres parties du monde. N’aurait-on pas, dans l’idéologie des droits de l’homme, l’avatar d’une volonté occidentale de domination de tout et de tous ?

Finalement, les droits de l’homme n’expriment-ils pas le désir d’améliorer nos conditions d’existence en proclamant, dans l’article 3 de la Déclaration, que tout homme a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté ?

La réponse d’Alain de Benoist est très simple et très claire : ce désir est parfaitement légitime et on le voit accompagner l’histoire de l’humanité depuis les origines, mais il n’a pas besoin de l’idéologie des droits de l’homme pour s’exprimer.

La liberté est une question débattue depuis longtemps en Occident. Elle n’a jamais été conçue indépendamment de la liberté politique. Raymond Aron avait l’habitude de dire qu’on ne peut pas dissocier pouvoir et communautés.

Alain de Benoist suggère que, pour déconstruire l’idéologie des droits de l’homme, il convient d’analyser l’anthropologie qui la soutient. Quelle est la vision que cette idéologie a de la nature de l’homme ? Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle on a oscillé entre l’idée que l’homme est un loup pour l’homme ou alors, à l’inverse, qu’il est le gentil sauvage de Rousseau.

Avec Kant, ce n’est plus de la nature qu’on part pour tenter de comprendre la cohabitation des hommes entre eux, mais de la morale (impératif catégorique). Comment s’étonner, dès lors, de l’émergence du politiquement correct ? Si c’est par la morale que nous arrivons à ne pas nous entre-égorger, il faut filer doux dans l’étalage de bonnes et pures intentions.

il note avec optimisme qu’à l’âge du changement climatique, on assiste à un phénomène proche dans le domaine intellectuel.

 La banquise des préjugés et des « canonisations » fond. Ce qui, comme les droits de l’homme, était sacré, cesse lentement de l’être.

Que Dieu l’entende !

Extraits d’un article de jan Maresko sur le livre d’Alain de Benoist : Au-delà des droits de l’homme   www.brunobertez.com

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