En fait, l’Occident est devenu la civilisation la plus hostile aux risques de l’histoire.
Le mot lui-même vient du latin risicum, qui n’était utilisé au Moyen Âge que dans des contextes très spécifiques, généralement liés aux métiers de la mer et à l’émergence de l’assurance maritime.
Mais le mot n’était pas fréquemment utilisé.
Il était beaucoup plus courant d’attribuer les succès ou les échecs à une source externe: fortune ou fortuna. La fortune était l’avatar de l’imprévisibilité.
Au début de la période moderne, la nature agissait sur les humains, dont la seule réponse rationnelle était de choisir entre des attentes raisonnables.
Ce n’est qu’avec la révolution scientifique que le discours moderne du risque a commencé à fleurir.
L’humanité moderne pense agir sur le monde naturel et le contrôler, et calcule donc le degré de danger qu’il représente.
Le sociologue allemand Niklas Luhmann a fait valoir que, une fois que les actions individuelles ont été perçues comme ayant des conséquences calculables, prévisibles et évitables, il n’y avait aucun espoir de revenir à cet état prémoderne de béatitude ignorante, où le cours des événements futurs était laissé aux Parques.
Les économistes estiment également que tous les risques sont mesurables et donc contrôlables.
À cet égard, ils sont les compagnons de lit de ceux qui nous disent que les risques pour la sécurité peuvent être minimisés en élargissant les pouvoirs de surveillance et en améliorant les techniques par lesquelles nous recueillons des informations sur les menaces terroristes potentielles.
Un risque, pour eux, est le degré d’incertitude des événements futurs et – comme l’écrit Claude Shannon, le fondateur de la théorie de l’information – «l’information est la résolution de l’incertitude».
Il y a un avantage évident à être plus en sécurité, mais cela se fait au prix d’une intrusion sans précédent dans notre vie privée.
Notre droit à la confidentialité des informations, désormais garanti par le règlement général de l’UE sur la protection des données, est de plus en plus en conflit direct avec notre exigence de sécurité.
Face à l’adage «la connaissance c’est le pouvoir», le droit à la vie privée se flétrit.
De plus, il existe un conflit entre sécurité et bien-être.
Être parfaitement en sécurité, c’est éliminer les vertus cardinales humaines de la résilience et de la prudence.
L’homme parfaitement sûr est donc une personne diminuée.
En ce qui concerne le chaos et le gâchis de l’histoire humaine, nous devons rappeler l’observation d’Héraclite selon laquelle :
« un coup de foudre dirige le cours de toutes choses ».
D’après un article de Robert Skidelsky sur le blog a lupus
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