Pourquoi remonter uniquement au 18éme siècle et ne pas pousser jusqu’à Aristote, sans doute parce que ce serait beaucoup plus gênant pour les conclusions qui ne seraient alors plus aussi brillantes !
Qu’à cela ne tienne : innovons, nous sommes prêts et nous attendons ce monsieur qui a sans doute beaucoup d’idées et plein d’argent pour les financer.
L’erreur du Made in France
A chaque campagne son panneau. Il semble que 2012 soit l’année du « made in France ». Ils sont tous d’accord. François Bayrou a jeté l’étiquette en l’air, et tous les candidats l’ont vite cousue à leur pull.
Ça ne mange pas de pain et ça semble faire plaisir à tout le monde. Outre le principe un peu étonnant du « votez pour moi et je vous dirai quoi faire de votre argent », le made in France, autre nom du protectionnisme volontaire, contient une erreur économique et stratégique qu’il nous semble bon de rappeler ici. Prenons deux porte-clefs ; le premier, chinois, vendu un euro. Le second, français, vendu dix euros. L’erreur du made in France est de penser qu’en achetant le porte-clefs chinois, l’économie française perd dix euros. En réalité, en ne payant qu’un euro, le consommateur en économise neuf, qu’il peut réinjecter dans l’économie, pour alimenter des secteurs sur lesquels nous saurions trouver une meilleure valeur ajoutée que sur la fabrication des porte-clefs. Dès le milieu du 18ème siècle, Adam Smith avait formulé une mise en garde qui devrait aujourd’hui inspirer tous les candidats : « Il est prudent de ne jamais essayer de faire chez soi la chose qui coûtera moins à acheter qu’à faire. » Sans quoi, petit à petit, on ne s’adapte pas au marché, on se déclasse, on s’appauvrit, et on tombe. Il faut intégrer une bonne fois pour toute que le marché ouvert est une chance. Une chance en ce qu’il démultiplie les possibilités de rencontre de l’offre et de la demande. Une chance pour les pays émergeants, qui peuvent commencer par produire des biens à faible valeur ajoutée, et constituer ainsi progressivement un tissu industriel. Une chance pour les pays riches de se procurer des biens à moindre coût, et de pouvoir investir l’argent économisé dans des secteurs innovants. L’exemple de la Corée est à ce titre tout à fait pertinent. En 1945, le PIB de la Corée est à peu près au niveau du PIB du Mali. Après la guerre et la partition Nord/Sud, les deux nouveaux pays vont pour l’un s’ouvrir complètement au marché, et devenir une des têtes de pont de l’industrie numérique, pour le deuxième s’engouffrer dans le rêve protectionniste et socialiste, avec le succès que l’on connaît. En 2005, en parité de pouvoir d’achat, le PIB de la Corée du Nord s’élevait à 40 milliards de dollars, soit 1700 dollars par habitant. La même année, on évalue à 20 400 dollars le PIB par habitant pour la Corée du Sud, soit environ douze fois plus. Evidemment, cela suppose de mobiliser son énergie créative, d’inventer ou de chercher en permanence les investissements qui seront rentables demain. Et pour cela, il ne faut pas que la richesse soit absorbée par les dépenses de l’État, et par la spirale infernale de financement du protectionnisme, en croyant sauvegarder des secteurs condamnés au nom d’une forme de patriotisme. Renaud Dozoul |
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