La finance est un moyen, un reflet, ce n’est pas à elle d’imposer l’ordre du monde. Le fait que la finance se soit autonomisée, qu’elle ait réussi à s’établir en un fétiche pour lequel on sacrifie tout est un produit de l’époque;
c’est un produit d’une époque où les signes ont supplanté le réel, où la glose a remplacé le savoir, où l’intelligence a cessé d’être un outil pour transformer le monde, mais est devenue une arme au service de la reproduction d’élites qui ont failli à leur mission. Failli à leur mission et à leur dette vis à vis de la société.
Car ils doivent tout à cette France qu’ils détruisent.
L’époque est perverse; elle mystifie. Elle fait passer la valeur monétaire ou financière des choses pour des richesses. Elle fait passer les ombres du cours de Bourse pour de l’enrichissement. Avant, on créait un produit, on l’élaborait, on le produisait efficacement et on en tirait un profit, profit qui, capitalisé, permettait la formation d’un capital.
Notre époque valorise la finance et le renversement qu’elle opère. Les patrons et dirigeants sont rémunérés en fonction de ce que l’on appelle « la création de valeur », qui n’est rien d’autre que l’inflation des prix boursiers. Elle fait passer la recherche effrénée des optimums de court terme pour des stratégies de gestion, alors que dans la plupart des cas, elle n’est que désengagement et retraite médiocres.
Les services ne remplacent pas les emplois productifs de biens échangeables sur un marché international, ils ne remplacent pas les emplois de qualité, bien payés et d’avenir.
Une société fondée sur la production est une autre société que la société fondée sur les services, la répartition de la misère, la solidarité. Elle est porteuse d’un autre consensus. Les valeurs productivistes sont des valeurs nobles, elles élèvent ceux qui les pratiquent.
Elles créent de vraies solidarités, fondées sur la coopération, pas des solidarités bidon socialistes. Une société fondée sur la production reste proche du réel, elle a les pieds sur terre.
D’une certaine façon, la production structure une société, là où sa disparition la détruit, la massifie.
« C’est du volume de données dont elle dispose que notre époque tire un sentiment immérité de sa supériorité; alors que le véritable critère porte sur le degré auquel l’homme sait pétrir et maîtriser les informations dont il dispose. »
Goethe
Extraits d’un article de B.Bertez Le blogalupus
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