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Août 13

Illusionnistes

Les certitudes d’hier sont les erreurs d’aujourd’hui, le savoir ne progresse pas en ligne droite, il est bâti sur des essais et des erreurs. Et au lieu de prolonger les fausses conclusions de la crise de 29, il eut fallu tout revoir de A à Z et comprendre que précisément nos maux sont à l’intérieur de nos pseudos savoirs. Ils sont inclus dans nos certitudes.

Le spiritualisme, la projection de l’Idée, du faux savoir idéologique, cela ne marche pas. Non la crise de 29 n’a pas été produite par le resserrement inopportun du crédit, oui elle a été provoquée par l’excès de dettes et par la grande divergence entre d ‘un côté la sphère financière et de l’autre la sphère de l’économie réelle.

L’ombre que constitue la finance peut s’allonger, paraitre s’éloigner du corps, sembler léviter, mais elle ne peut s’en détacher pour de bon et tôt ou tard le rappel joue: Un jour ou l’autre le forclos, le référent refont surface. On peut tromper longtemps les peuples, on ne peut pas tromper le réel, il faut lui obéir.

Pour conduire le réel, il faut d’abord et avant tout penser juste. Juste cela veut dire conformément aux règles de la nature, conformément à ce qui est. Le savoir remonte du bas vers le haut, il est une production.

Eux ne pensent pas « juste » ils pensent « bien » . Penser « bien » c’est penser comme il faut pour plaire, penser comme tout le monde, penser conformément à la doxa et conformément au politiquement correct.

Ils ont cru sauver l’ordre ancien parce qu’ils l’ont noyé sous les liquidités, sous le crédit et l’argent gratuit. On remplace le tout ou rien de l’insolvabilité par le gradualisme infini de la liquidité. On remplace le fractal par le dérivable.

Mais le monde est fractal en tout ou rien, non linéaire; on ne meurt pas qu’à moitié! Ou un petit peu. Il n’y a pas de magicien, il n’y a que des illusionnistes. Des faux prophètes.

Ils ont commis la redoutable erreur de promettre la sortie des politiques non conventionnelles, ils ont promis de remonter les taux et de contracter le bilan de la banque centrale. Ils ont promis l’impossible.

Ils ont cru à la reprise économique en « V », ils ont cru à la sortie progressive de la crise, ils ont cru aux « green shoots », ils ont cru à la croissance lente durablement ralentie etc etc et jamais ils n’ont envisagé l’échec total.

Jamais ils n’ont admis que les remèdes monétaires étaient des incantations qui au lieu de résoudre la crise de surendettement, ne faisait que l’alourdir. Créer des droits ne crée pas les ressources pour les satisfaire.

Jamais ils n’ont admis que la véritable rareté dans le système capitaliste c’était le profit, la rentabilité et, forts de cette ignorance ils ont continué l’accumulation, la suraccumulation, l’inflation, la bullarisation du capital attisant ainsi ses contradictions.

Ils n’ont rien compris mais leurs faux remèdes ont des conséquences non voulues, inattendues, destructrices et nous y sommes.

L’heure des comptes ?

Extrait d’un article de Bruno Bertez brunobertez.com

 

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