Impressionnant ! Pas un mot sur l’économie réelle et sur les « pauvres gens « , l’exemple Grec ayant servi.
Dormez tranquilles braves gens, mais surtout achetez des actions.
La fin du Monde est proche. Nous sommes en récession, l’euro peut être démantelé et l’endettement va annuler tout espoir de croissance en 2012. Cela, tout le monde le sait et vos quotidiens ne se font pas faute de noircir le tableau. Lorsque les scénarios sont si noirs et catégoriques, ils ne se réalisent pas.
Il y a en vérité plein de raisons objectives pour estimer que l’année prochaine sera celle d’un nouveau départ, même si économiquement celui-ci ne sera pas encore visible au premier trimestre.
Les Banques centrales, dont la BCE en premier lieu, seront obligées d’intervenir agressivement, qu’elles le veuillent ou non, pour éviter une spirale déflationniste et une aggravation de la récession. Dès janvier, Mario Draghi abaissera le taux REFI pour arriver rapidement à 0,5%, une manière de proposer de l’argent presque gratuitement. Si sa rhétorique actuelle est un peu décevante, elle s’assouplira avec la détérioration de l’économie. Un cas de force majeure peut aussi se présenter, mais n’oublions pas que la BCE imprime la monnaie et qu’avec un euro surévalué de 30%, la marge de manœuvre est substantielle.
La convergence budgétaire de la zone euro est en marche. Il aura naturellement fallu passer par un chantage franco-allemand et un couteau bien maintenu sous la gorge pour y arriver, mais les différents gouvernements n’ont plus le choix. C’est ça ou dégage! Dans quelques mois, il n’y aura plus de raison de considérer que tel pays mérite ou ne mérite pas la monnaie unique, car ils se ressembleront et fonctionneront avec les mêmes règles. Voyez-vous ce qui se profile à l’horizon? Si tout ce petit monde est discipliné, la BCE sera tout à fait légitimée à apposer sa garantie sur chaque emprunt et sans distinction de l’émetteur. Donc des taux au plancher pour tous et plus de risque de défaut, même si les dettes existantes ne seront jamais remboursées. Celles-ci seront simplement renouvelées ad aeternam et de préférence à court terme pour bénéficier du coût proche de 0%. Evidemment, il faudra du temps, mais comme il s’agit de la seule façon de sortir de la régression, cela se réalisera.
La croissance ne sera pas retrouvée avant le deuxième semestre et elle restera faible. Néanmoins, les gouvernements (de gauche ou de droite) ont plus de marge de manœuvre qu’on ne le pense. Vivre avec un déficit budgétaire annuel de 3% est tout à fait possible et générera (à la longue) de la prospérité. Il faut simplement savoir aligner les chiffres et ne plus compter sur la providence pour y arriver. Une bonne gestion est ce qui manque le plus aujourd’hui, et c’est bien entendu quand nous sommes acculés que nous trouvons les ressources nécessaires pour avancer. De nos jours aucun peuple ne pense que les acquis resteront ce qu’ils sont et que les sacrifices sont pour les autres. L’exemple grec a servi.
Les banques vont continuer à élaguer leur bilan au premier semestre pour arriver aux 9% de capital requis au 30 juin. Ce régime implique plus de ventes d’actifs (environ 2,5 trillions) et moins de crédits. Plus nous avancerons dans cette nouvelle année, plus les dettes souveraines seront sécurisées et donc plus facilement nos banques retrouveront des chiffres sains. Le fameux «credit crunch» lié à cette cure d’austérité est maîtrisé par la BCE qui assurera les financements indispensables aux établissements en difficulté. Elle a déjà commencé à le faire. La qualité du système bancaire est la pierre angulaire de cette sortie de crise.
Les sociétés cotées en bourse sont pour l’instant les grandes perdantes de ce manque de liquidité. Chacun est sur les pattes arrière et ne voit aucune raison de s’exposer et donc d’investir dans un environnement glauque. Pourtant les indices ne baissent plus après avoir effectué un retournement le 24 novembre dernier, comme escompté dans ces mêmes colonnes. Si la bourse s’est stabilisée, c’est simplement parce que les prix actuels tiennent déjà compte de la récession et que les évaluations sont les plus basses d’après guerre. En d’autres termes, seule une récession hors norme pourrait les précipiter plus bas. A contrario, une mise en place, même lente, du processus global décrit ci-dessus peut provoquer une monumentale hausse de l’ordre de 50%, car le rattrapage potentiel est immense.
2012 ne sera naturellement pas un long fleuve tranquille et il serait illusoire de penser que cette mise en place prometteuse ne se fasse sans anicroche. Mais je suis sûr que vous avez déjà noté que les interventions parfois dures et pessimistes de nos dirigeants ne se traduisent plus par les dégagements que nous observions au début de l’automne. La psychologie des marchés a changé. Maintenant nous avons la preuve que les problèmes sont pris à bras le corps. La cacophonie n’a certes pas disparu de la scène, mais les solutions existent et nous allons désormais dans cette direction. Gare à ceux qui n’auront pas d’actions quand les mots se transformeront en certitudes.
Serge Laedermann Associé, GFA Geneva Financial Adviser DEC11
Commentaires récents