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Nov 17

Commentaire : le cri du coeur

Il est parfois des commentaires qui se suffisent à eux-mêmes !

Belge de souche et de naissance je suis commerçante indépendante en Belgique.

J’exploite une toute petite entreprise faite d’un commerce que je gère seule parce qu’il est impossible d’imaginer engager qui que ce soit, les charges sociales étant exorbitantes… Je lutte et me bats depuis dix années déjà pour maintenir mon commerce ‘en vie’ en faisant plus que des économies, de véritables sacrifices au quotidiens. Tout passe dans la survie, jusqu’au dernier denier si difficile à faire rentrer… Je vis sous le seuil de pauvreté constamment depuis des années de même donc que mes enfants qui supportent cet état de fait avec tout le cortège de privations qui l’accompagne.

Le bâtiment que j’occupe je le paye extrêmement cher en loyer à un propriétaire très riche dont je sais que les revenus de son entreprise très lucrative sont toujours « arrangés » de manière à ce qu’aucun impôt ne lui soit réclamé. Lui-même est directeur salarié de son entreprise avec un salaire presque de misère qui lui permet d’éviter toute espèce d’imposition.

Je développe, exploite et expérimente tous les moyens possibles et imaginables pour tenter de faire fructifier mon commerce mais comme dans majorité de nos petites villes en Wallonie le commerce de proximité est ‘fracassé’ par l’implantation massive (et absurde) de grandes surfaces et par un abandon extrême de la vie commerciale et culturelle de la cité par le fait de l’incompétence et de l’inconscience d’un politique local qui se comporte en empereur méprisant et règne sans se soucier de ses citoyens ni de la vie de ceux-ci ni de leur à venir…

Ce politique laisse graduellement péricliter et agoniser la ville ne faisant rien, bien au contraire, pour que le petit commerce puisse y vivre et prospérer et puisse traverser cette période terrible que nous vivons actuellement. Ils ont radicalement aboli la brocante qui rapportait à chaque commerçant tout de même les gros frais de l’année (assurances, taxes, précomptes), ils ont rétréci les marchés hebdomadaires comme peau de chagrin, ils ont stoppé net toute forme de festivité ou d’activité folklorique qui permettait de donner à la ville un peu de couleur et de prestance… Sous prétexte d’économies, il faut l’avoir entendu pour en rire …

Pire même, ils ont accepté, déjà depuis près de deux années, des travaux dits « publics » onéreux et pour majorité inutiles qui ne cessent de n’en pas finir, qui ont transformé la circulation en ville en parcours de rodéo et découragent quiconque de vouloir encore fréquenter la ville, d’y flâner, d’y ‘magasiner’…

Ma rue était une rue commerçante, florissante, renommée… Ma petite ville avait de beaux marchés hebdomadaires, des fêtes, des braderies… Elle agonise que c’en est une pitié … Hélas, les volets se baissent les uns après les autres et nous ne sommes plus que quelques uns à vivoter, exsangues… Jusqu’à quand ? Jusqu’à quelle mort ?

Combien sommes nous, en Belgique et ailleurs, de gens courageux, volontaires, dynamiques, doués, entreprenants, et honnêtes, à ne pas pouvoir continuer notre oeuvre, à ne pas pouvoir créer de l’emploi, à ne pas pouvoir faire profiter les gens de nos talents et de notre générosité à « commercer » parce que nous aimons cela, pour le bonheur, pour le plaisir du partage et non pas pour nous enrichir ?…

Juste pour « pouvoir faire » et pouvoir « continuer à faire » en donnant le meilleur de nous même aux citoyens parce que nous aimons cela, que c’est notre plaisir de vie, notre but, notre engagement humain même oui ?…

C’est si triste de savoir tout cela… Toutes ces escroqueries organisées alors que seul un petit pourcentage de tout cet argent des plus riches permettrait à de petits commerçants de restructurer leurs commerces, d’engager du personnel pour se faire aider, (je fais des journées de 18 heures comme beaucoup de tout petits indépendants), d’innover, de rénover, de rendre service aux citoyens de leurs villes en « commerçant » loyalement, convivialement, pour le plaisir, pour le bonheur, pour le partage et l’échange … Un tant soit peu…

Un jour, alors que nous aurons donné de nos meilleures années et de nos plus fortes énergies en toute sincérité pour « commercer » honnêtement dans un esprit sincèrement ‘proche’ des gens nous devrons tout abandonner pour nous retrouver, qui sait, sous les ponts avec plus même la possibilité de rembourser les dettes qui se seront accumulées par faute d’impossibilité à réaliser le chiffre minimal permettant de soutenir les charges fixes et plus aucun outil permettant de travailler… Plus d’espoir… Quel cauchemar …
Au rebut !… C’est terrifiant …

Souvent je dis aux gens : « Tous nous sommes acteurs de notre système et à ce titre tous nous sommes facteurs potentiels de changement sur notre système … »

Il est grand temps, il est urgent oui d’agir … C’est une responsabilité citoyenne, c’est un devoir qu’il nous appartient à tous d’assumer… Sans quoi des temps dangereux comme des rouleaux compresseurs viendront nous broyer jusqu’à poussière…

Si nous ne le faisons plus pour nous, adultes, nous devons le faire pour notre descendance.

C’est injuste de leur léguer un monde pareil !…

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