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Août 21

Bon sens

 

Dans les sociétés totalitaires, et la post modernité en est devenue une, la condition humaine était décrétée par un pouvoir sanguinaire. Aujourd’hui elle est écrite par une élite bien-pensante comme si ce qui nous précède était entièrement à récuser.

Pour ces sociétés : « tout est possible et rien n’est vrai », mais en réalité tout n’est pas possible et elles vivent dans la fiction. Ne voulant pas admettre les limites de leurs désirs elles font mine de vivre comme si ces limites n’existaient pas.

Pourtant l’homme est un être blessé. Il se reconnait à sa blessure, oublier cela c’est vivre hors la réalité. La condition humaine est difficile à accepter et à assumer quotidiennement.

Ceci n’est pas une opinion ni un jugement mais un constat.

Ce qui a déserté notre monde avec l’envahissement complet de l’idéologie émancipatrice c’est le bon sens ou cette capacité de voir les évidences et les lapalissades et à en tenir compte dans les décisions de l’existence.

C’est ainsi que nous vivons dans un monde fictif : tous les raisonnements de simple bon sens qui ne vont pas dans le sens de l’idéologie dominante sont récusés et traduits comme des jugements réactionnaires, passéistes, violents et à détruire. Pourtant une affirmation de bon sens est celle que l’expérience longue et probante des générations a rendu incontestable.

Ainsi pense-t-on que l’ensemble de l’existence pourrait se plier à nos désirs, dès lors il suffirait d’affirmer pour que cela devienne réalisable. Cependant les affaires humaines ne marchent pas ainsi. Le prométhéisme absolu tel qu’il s’affiche aujourd’hui devant nos yeux, écrase la réalité humaine en la forçant à survivre au marché noir pour obéir à une classe élitaire qui a décidé de refaçonner le monde selon son désir.

Le sens commun, considéré comme un instrument populiste parce qu’il est surtout brandi par les esprits simples n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui, parce qu’il n’ a jamais été aussi étouffé.

Il ne suffit pas qu’un Etat ou un groupe dirigeant décrète l’absurde pour que celui-ci de vienne crédible. Il faut que ce discours s’adresse à une population préparée, c’est-à-dire une masse de gens suffisamment solitaires pour être plus accessible aux insanités venues d’en haut qu’à l’éventuel bon sens de leurs proches.

L’existence même de ce qu’on appelle le bon sens traduit la présence d’une réalité humaine qui nous précède et à laquelle nous sommes contraints de nous accommoder tout ce que la Modernité et post modernité récuse parce qu’il lui faut un présent et un avenir absolument neufs.

Nos sociétés vivent sur des apparences et des mensonges comme vivaient les sociétés idéologiques parce qu’elles sont imprégnées d’une idéologie de la réussite égalitaire de tous, de la vie parfaite, du corps parfait, de l’acquisition sans effort et du bonheur à portée de main.

L’imposture a trop de poids, les critères sont brouillés. On ne sait plus si le réel c’est le discours tapageur et prétentieux, ou bien la petite réalité oubliée dans un coin et malmenée, réalité traitresse qui a l’audace d’exister lors même que l’on lui interdit.

Mais le matérialisme n’est qu’une couverture capable d’escamoter la véritable idéologie dominante : un prométhéisme si excessif qu’il en est irréel et impose à beaucoup de vivre dans le faux, le faux semblant, l’imposture.

Extraits du livre de Chantal Delsol : La haine du monde

 

 

 

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