Les normes actuelles ont failli, elles posent de moins en moins de limites et elles conduisent à une société de plus en plus déstructurée où la violence individuelle ou collective n’est encore que largement potentielle (un rapport de force), mais jusqu’à quand encore ? La question de la transition devient centrale
Entre le court-termisme qui a montré toutes ses limites et des changements radicaux qui ne seront jamais mis en œuvre, n’y-a-t-il pas la place pour un discours qui se focaliserait uniquement sur le changement de cap, sans présupposer ce que doit être monde futur, mais sans perdre de vue non plus ce que sont les enjeux majeurs (écologie, énergie…) ?
Penser la transition c’est cesser de raisonner à la manière des entreprises : fixer des objectifs précis et des moyens pour y parvenir est un mode de pensée profondément inadapté à l’action politique. Outre que les moyens font défaut de par la volonté même des hommes politiques, cette approche voit le corps social fonctionner comme un tout tendu vers un objectif commun, elle néglige la complexité des interactions sociales, les rapports de force, le nombre de paramètres qui échappe au contrôle, les lignes de fracture et les objectifs divergents des différents acteurs du système.
Penser la transition, c’est élargir les perspectives et remonter aux sources réelles d’une situation. Il n’y a pas de problème du chômage ou de financement des retraites, il y a un problème global de répartition du travail. Il se pose avec d’autant plus d’acuité que les rapports de forces entre l’économie et la politique ont permis ces dérives, parce que la norme de profit a pu s’élever sans que des limites politiques soient posées en ce domaine.
Penser la transition, c’est focaliser l’action politique sur les conditions nécessaires au changement. Une mesure n’est pas efficace car elle a obtenu tel ou tel résultat souvent éphémère, elle est efficace, car elle contraint l’environnement des acteurs, elle les oblige à reconsidérer leur comportement, elle modifie les rapports de forces
Se positionner par rapport à un futur lointain où faire des réformes pour figer un état de choses sont des alternatives qui ne répondent pas aux enjeux immédiats, l’intelligence du monde, c’est de le penser comme un système dynamique, perpétuellement en transition, y a-t-il un parti prêt à relever le défi ?
Extraits d’un article de Michel Leis sur le blog de Paul Jorion www.pauljorion.com
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