Mon activité professionnelle artisanale d’aujourd’hui n’a pas tant évolué. Un peu de mécanisation supplémentaire sur les postes physiquement pénibles, mais pas de robots à l’horizon. Ils existent pourtant, et depuis des années, je les vois dans les salons professionnels, mais nulle part dans les ateliers.
Les progrès vont trop vite et trop loin, sont trop coûteux en matière grise, énergétique et environnementale. Je vois autour de moi chez mes confrères, une curiosité, mais pas une adhésion systématique.
Et c’est à mon sens plutôt une bonne nouvelle, la décision sur des critères humains n’a pas encore cédé sa place partout. La désaffection pour les folies technologiques est toujours possible. Ma voiture d’aujourd’hui ne me laisse plus en rade les petits matins humides et froids grâce au progrès et je l’ai choisie, le scanner de l’hôpital a aidé le médecin à m’établir un diagnostic précis, je ne l’ai pas regretté, l’informatique et l’internet m’ont permis de dénicher la pièce de rechange qui m’aurait contraint à mettre une machine de 10 ans au rebut, elle fera 10 ans de plus très certainement.
Alors avons-nous déjà capitulé devant « l’ultra-technologie » tentaculaire ? Sommes-nous encore en mesure d’appuyer sur le bouton « off » ? Sommes-nous capables de trouver une alternative au bouton « on ». La réponse est évidemment complexe et individuelle.
Je suis pour ma part confiant, lorsque je vois des citadins s’approprier des toitures terrasses pour en faire des jardins, lorsque je vois mon petit-fils poser sa manette de jeu pour accepter une balade à vélo. L’histoire est pleine d’avancées technologiques qui sont passés aux oubliettes faute d’adhésion. Nous étions censés vivre en l’an 2000 dans des maisons ovoïdes, nous nourrir de pilules et nous déplacer dans des voitures volantes, Mais on restaure les maisons anciennes, la gastronomie fait toujours recette et lorsque je sors ma Renault 8 de 1969, mes voisins jeunes et vieux ont le sourire…
Reste en arrière-plan ce gigantesque soliton dont nous parle Paul Jorion depuis si longtemps, Et le sentiment parfois d’être une coquille de noix en mer. La vague, je vais la prendre c’est sûr, mais essayons de flotter en attendant un rivage plus hospitalier. Tiens, c’est quoi ce gros truc blanc penché là-bas dans l’eau …Con-cor-dia ?…Ah oui ! je me souviens, gigantesque… mais je flotte, moi !
Voilà, « résolu pour sauver une espèce en danger » je ne suis pas à la hauteur de l’enjeu, ni même de la réflexion. Résolu à ne pas couler, à résister, à choisir, à décider, plus certainement. Et je ne pense pas être le seul.
Extraits d’un article de Maxfriend sur le blog de Paul Jorion www.pauljorion.com
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