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Fév 17

Sombre fortune

[L’analyse est juste, la conclusion pitoyable et la valeur ajoutée de l’article nulle. L’avenir sera la fille du rêve et ce n’est pas un article comme celui-là qui va faire rêver.]-alpha.b

 Afin de ne pas trop décevoir et de garder un semblant de crédibilité, le gouvernement a annoncé qu’il ne tiendrait pas son objectif de ramener le déficit à 3% du PIB.

Nous sommes mi-février, et il sait d’avance que la croissance ne sera pas au rendez-vous, que ses recettes fiscales seront en franche diminution et que ses dépenses, elles, garderont leur cap. Si l’État n’avait pas la possibilité de spolier les citoyens par l’impôt, la dette et l’inflation, il n’aurait d’autre choix que de réduire la voilure, mais il préfère accroître encore un peu plus la dette que se lancer dans une inéluctable austérité.

 De la même façon que la fin du cumul des mandats est sans cesse reportée sans qu’on comprenne bien ce qui empêcherait l’État d’imposer à ceux qui le dirigent de renoncer à certaines de leurs prérogatives, il repousse le moment où les mots qu’il a longtemps présentés comme vilains devront être prononcés dans leur sens réel.

Il va falloir parler d’austérité pour de vrai, si tant est qu’on puisse dire d’un État qui diminue ses dépenses de quelques points alors qu’elles représentent 56% du PIB qu’il fait preuve d’austérité.

Jusque-là, il pensait pouvoir la réserver aux contribuables en augmentant les impôts, en les surveillant de près et en les pourchassant à travers le monde, mais apparemment ces politiques et propositions ne suffiront pas à boucler le budget avec moins de 3% de déficit.

Il y a même fort à parier que le rapport déficit de l’État français/budget de l’État soit en augmentation par rapport aux années précédentes : les dépenses ne diminuent pas, les recettes, si. Quant au ratio déficit/PIB, il est plus difficile à déterminer : avec des politiques publiques aussi avisées, le PIB pourrait diminuer lui aussi.

L’austérité choisie par le gouvernement, i.e. l’austérité du secteur privé, est d’une bêtise sans nom. Le secteur privé finance le secteur public et était déjà assez lourdement taxé.

L’économie ralentit, les recettes diminuent, les dépenses augmentent mathématiquement – compte tenu notamment de l’accroissement du nombre de chômeurs. Il aurait mieux valu choisir le statu quo, ou mieux, une réduction des dépenses publiques, mais le niveau affligeant qui règne parmi les économistes n’aide pas le gouvernement à prendre de bonnes décisions ni les Français à se rendre compte qu’elles sont mauvaises.

Par idéologie, le gouvernement laisse libre cours aux revendications sociales les plus illégitimes, et il a même été proposé d’amnistier les syndicats qui voudraient exercer plus directement la violence qui permet à l’État de redistribuer les fruits du travail des uns aux autres.

 Il n’est évidemment pas question de remettre en cause les privilèges, nombreux, des serviteurs de l’État : la question du financement n’est pas centrale, puisqu’il suffit de voter un accroissement des prélèvements pour disposer de plus de ressources – jusqu’au moment où ça ne fonctionne plus, qui est arrivé.

 La France chemine donc tranquillement vers une crise provoquée par l’État qui aura beau jeu d’accuser les libertés trop larges consenties aux individus qui en auraient abusé ; la crise financière provoquée par la régulation et non par le manque de régulation en est illustrative dans le traitement qui lui est réservé par des politiques trop heureux d’y voir une possibilité d’accroître encore un peu leur supervision et leur pouvoir.

Mais il ne faudrait pas tomber dans l’idée que ce n’est qu’une affaire de personnes. Les hommes politiques français se sont succédé depuis 40 ans avec des budgets en déficit. La crise est une crise intellectuelle avant tout, une crise des valeurs, une crise des principes qui fondent l’action des citoyens et de leurs représentants.

Dans la mesure où la contrainte est considérée comme une forme acceptable d’interaction entre les individus et l’octroi à certains des droit qui constitueront des devoirs pour les autres comme juste et légitime, les droits naturels et imprescriptibles de l’homme ne sont plus. Les droits ne peuvent être que négatifs, et imposer le seul respect des droits des autres.

La coopération volontaire des individus et leur liberté sont non seulement plus légitimes et plus justes, elles sont aussi plus efficaces pour favoriser l’échange, la créativité et la prospérité. Malheureusement, il faudra sans doute que le système actuel s’écroule pour que ces principes soient appliqués, et ils le seront à contrecœur ; à moins que la France ne s’enfonce dans le totalitarisme, ce qui ne ferait que repousser l’échéance.

 D’ici là, Français, sachez que le monde est vaste et plein de promesses.

 Baptiste Créteur contrepoints.org

 

 

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