Hier soir alors que je montais les escaliers pour rejoindre mon lit, une idée m’est venue ou plutôt une intuition. Alors que je méditais sur l’état de notre monde, j’ai pressenti, presque touché, le grand tournant que notre humanité pourrait prendre dans les prochains mois. Crise financière, crise des institutions, crise écologique, crise politique : le problème n’est pas de l’ordre d’une mauvaise conjoncture, il n’est pas le résultat d’une combinaison de facteurs ponctuels il est systémique et aucune « mesurette » ne le changera. Et il faut cesser d’analyser cette crise sous des angles uniques (économique, écologique, spirituelle, etc.) Notre époque à besoin de visions globales. Nous ne doutons absolument plus de ceci : ce monde meurt.
Pour celui qui regarde attentivement ce qui se passe, cette évidence peut apparaître : quelque chose est entrain de basculer dans la tête des gens. La confiance dans ce système, dans son mode de vie, dans les valeurs qu’il est censé porter, cette confiance s’en va de façon définitive. Ce qui était la norme, le raisonnable, le centre il y a encore quelques années, vacille.
Quand un système perd la confiance d’une certaine masse critique de ses éléments il périclite. Les pontes de l’ordre ancien perdent leur crédit, une nouvelle élite apparaît avec un nouveau discours, un nouveau vocabulaire, une toute autre manière de percevoir la réalité (mais cette élite n’a pas encore voix au sein des grands médias même si ça commence à changer).
Nos grands financiers, économistes, journalistes, personnalités médiatiques, hommes politiques se montrent dépassés sous nos yeux. Beaucoup font de plus en plus sourire et nous font l’effet de vieillards radoteurs au discours un peu désuet. L’édifice ne tient déjà plus mais les acteurs ne peuvent encore faire autrement que de faire comme si il tenait encore. Comédie qui ne peut durer très longtemps.
Et l’on découvre au travers de 101 initiatives de par le monde, un humain mur pour le changement, pour un grand tournant vers une nouvelle page de notre histoire.
De plus en plus nous sommes nombreux à vouloir dire : mesdames et messieurs de l’ancien monde.
Nous n’y croyons plus au mythe du grand marché ou tout le monde est bénéficiaire.
Nous n’y croyons plus à la croissance matérielle pour assouvir notre bonheur. Les gadgets, le jetable, les accessoires et tout ces nouveaux besoins qui devaient nous apporter le bonheur aujourd’hui nous écœurent.
Nous étouffons dans cette réduction continuelle de notre nature à celle d’un consommateur bête et conformiste qui nous a tous enfermés dans nos maisons équipées en coupant le lien social et notre lien à l’invisible.
Nous n’y croyons plus au prétendu caractère naturel de ce système, cette naïve idée que c’est le seul possible où le moins mauvais.
Nous n’y croyons plus à la sauvegarde de la planète couplée à l’augmentation de notre niveau de vie.
Des temps durs arrivent et avec eux leur lot de dangers. Les mois qui viennent devraient probablement nous confronter à une accélération de la détérioration de la situation économique s’accompagnant d’une faillite politique.
S’y préparer c’est déjà construire le monde de demain.
Voici mes conseils à tous ceux qui, comme moi, sont persuadés de l’agonie de ce monde. Ils sont concrets et simple.
– Il serait bon que tous ceux dont l’activité est aujourd’hui strictement intellectuelle, administrative ou dépendante de grandes infrastructures qu’ils ne possèdent pas développent au moins une aptitude manuelle précise praticable avec peu de moyens : savoir cultiver des légumes, affûter des outils, dresser des chevaux de traits, coudre, construire des maisons avec des matériaux simples et locaux, etc.
– Commencer dès maintenant à vous établir au niveau le plus local possible. Il vous faut imaginer pouvoir vous débrouiller avec les alentours immédiats de votre habitation.
– Apprendre à vivre de moins, avec le moins d’appareils possibles et apprendre à y éprouver du plaisir. Si demain vous devriez vivre avec moins de 800 euros par mois (+- seuil de pauvreté dans nos pays) vous ne feriez que rejoindre 80% de l’humanité dans une condition qu’elle n’a jamais quitté.
– Retrouver des projets détachés de l’accumulation matérielle : groupe, activités artistiques, techniques artisanales, développement spirituel de façon à ce que l’entièreté de votre monde ne s’effondre pas avec l’effondrement de votre compte en banque.
– Manger moins de viande, retrouver le goût des légumes et des repas simples.
– Limiter au maximum tout déplacement motorisé.
– Se développer spirituellement et retrouver comme grand projet d’existence d’atteindre la sérénité.
Qui a des oreilles entende et ébruite le chant de ce vent nouveau qui gagne les esprits…
Matthieu Peltier (philosophe enseignant)
Commentaires récents