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Jan 04

Les murs

Attention parce que l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions. Plutôt qu’un mur, il vaut bien mieux faire un pont.

 Mur d’actifs contre mur de dettes

Jacques DELPLA
Chroniqueur – membre du Conseil d’analyse économique

 Face au mur des dettes publiques, créons un mur analogue d’actifs, qui garantirait le remboursement de ces dettes publiques par une taxation exceptionnelle du capital national ! L’histoire et la culture de notre Europe illustrent qu’il est impossible de faire supporter l’entièreté du poids du passé aux générations présentes et à venir, au risque de tuer l’espoir et la croissance, d’entretenir la rancune des peuples et de préparer les futurs conflits. La Bible, Lévitique 25, prescrit l’effacement des dettes tous les cinquante ans lors du jubilé. « L’Internationale » nous invite à : « Du passé, faisons table rase. » L’effacement des dettes est partie intégrante de notre civilisation. Mais il a un inconvénient majeur, l’aléa moral : anticipant ces effacements, les Etats empruntent trop. La solution est alors de combiner la sagesse biblique ou historique avec la technique moderne de l’échange de dettes contre actifs, en faisant en sorte que les emprunteurs impécunieux y perdent leur chemise (leurs fonds propres).

Plutôt que de taxer les revenus futurs, restructurons le passé avec le passé. Mettons en face du mur de dette publique issue du passé un mur d’actifs issus aussi du passé : une partie du stock de capital national. Comment ? Créons un énorme collatéral alimenté par une taxe exceptionnelle levée une seule fois sur l’ensemble du capital national (actifs financiers, fonciers et immobiliers des résidents français, soit 12.500 milliards d’euros), qui garantirait le remboursement de notre dette publique nationale. Une taxation de 15 % du patrimoine national détenu par les ménages et les entreprises suffirait à garantir notre dette publique, qui tend vers les 100 % du PIB.

En 2012, le Parlement voterait une taxe exceptionnelle de 15 % sur tout le patrimoine privé national. Le produit de cette taxe serait payé en cash ou en nature (titres, actions, part de propriété foncière) et le tout serait logé au sein d’un fonds d’Etat de garantie de la dette publique. Au fur et à mesure des ventes d’immobilier, des mutations ou héritages, des paiements de dividende ou des intérêts, ce fonds d’Etat monétiserait ces actifs et participerait au remboursement de la dette publique – aux côtés de la réduction des déficits.

 L’option de paiement de la taxe en titres de propriété éviterait le problème des gens riches en capital mais pauvres en liquidités (cf. les propriétaires fonciers de l’île de Ré). A partir de là, les gouvernements auraient le choix pour réduire la dette publique entre une cure drastique d’austérité ou une monétisation du stock de capital : plus le déficit budgétaire sera faible, moins il y aura besoin de tirer sur ce fonds de garantie et vice versa. Le débat politique sur le paiement du fardeau de la dette pourra alors commencer !

Cette solution a beaucoup d’avantages. D’abord, elle garantit la solvabilité de la dette et évite les crises de liquidité, ce qui serait particulièrement important pour l’Italie et l’Espagne aujourd’hui. Ensuite, elle fait payer aux baby-boomers la dette dont ils ont largement bénéficié depuis trente ans et allège le fardeau des jeunes générations. Elle crée aussi des groupes politiques en faveur de la réduction des déficits : les propriétaires vont pousser les gouvernements à la rigueur budgétaire pour minimiser l’utilisation de ce fonds de garantie – il y aura enfin un groupe d’électeurs en faveur de la réduction des déficits !

Enfin, cette solution évite de remonter drastiquement les taux marginaux d’imposition, ce qui étoufferait la croissance de moyen terme. Mieux vaut utiliser le stock d’actifs pour réduire le passif plutôt que d’étrangler les jeunes générations de salariés et d’entrepreneurs. On objectera qu’une telle taxe sur le capital va réduire l’investissement. Non, car cette taxe est exceptionnelle par nature. D’une part, le nouveau traité européen empêchera à terme toute dérive des déficits, et donc la probabilité d’une telle taxe à l’avenir. D’autre part, les électeurs détenteurs de patrimoine seront très vigilants pour empêcher les Parlements d’accumuler trop de dette.

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Et les commentaires (toujours mesurés) du nain :

 Il (Hollande) prétend vouloir aider la jeunesse ? La jeunesse, la vraie, celle qui se sort les doigts et construit l’avenir (pas celle des indignés en tongs qui attendent leur poste de fonctionnaire rentier et qui s’entraîne déjà à la grève en l’attendant), ne veut plus de ponzi éducatif, elle ne veut pas de promesses de postes de rentiers, elle ne veut pas de subventions. Elle veut du boulot, un immobilier libéré et pas cher. Qu’il réfléchisse donc à des solutions telle que celle-ci proposée par Delpla, qu’il libère le foncier, qu’il reprenne du niveau de vie à la rente pour le redonner à ceux qui travaillent (comme le fait la TVA sociale)…

Et je dis bien « rente », pas « riches ».

La richesse n’est pas le problème. Que quelqu’un soit riche à milliards, s’il a contribué pour bien plus à la société, ce n’est pas un problème. C’est même mérité. Ça ne remet pas en question la progressivité de l’impôt, et la nécessaire refonte de la fiscalité et son nettoyage, prônés par Hollande.

  Mais ne parler que des « riches », c’est un faux débat qui s’inscrit dans le plus pur style de la rhétorique de la fausse gauche années 70, en mode lutte des classes. Le problème, ce sont les revenus illégitimes, la rente odieuse. Rente odieuse dans laquelle on retrouve les revenus de beaucoup de riches illégitimes, mais ce n’est pas l’essentiel du total. Car un retraité qui a 500€ de niveau de vie de plus acquis par le clientélisme politique et l’escroquerie inter générationnelle, via (rayez les mentions inutiles) une retraite grotesque sans lien avec ce qu’il a cotisé, des intérêts sur des assurances vie en dette publique en récompense pour avoir refusé de payer ses impôts en son temps, un immobilier hors de prix qu’il rationne, est pour moi bien plus « riche » que Xavier Niel qui a créé free, qui bien qu’officiellement milliardaire, est riche de -x € par mois, alors qu’il contribue très largement positivement à la création de valeur…

Que la fausse gauche arrête un peu de nous emmerder avec ses salauds de riches et ses actionnaires. Et qu’ils libèrent donc la jeunesse de la vraie rente !

 

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