Le grand défi de l’épargne transgénérationnelle
À mesure que la génération omniprésente des baby-boomers se transforme en cohorte de rentiers, le poids de tous les malheurs semble s’abattre sur les autres générations. Elle aura probablement d’énormes responsabilités à combler pour ramener l’équilibre social entre les générations.
L’institut américain Pew Research Center, spécialisé en études socio-économiques et sociodémographiques, a publié en novembre dernier une analyse très exhaustive de l’état de la richesse chez les Américains.
Pour la plupart des Américains, comme pour les Canadiens et les Québécois d’ailleurs, la propriété est la composante qui pèse le plus dans la balance des actifs. En 2009, la valeur de leur maison représentait 39 % de leur actif total moyen, à laquelle on ajoutait la seconde plus importante composante de leur actif, soit les placements (fonds et titres), qui représentaient 16 % de leur actif total moyen.
« Évidemment, comme la maison est l’actif le plus important des ménages américains, tout changement de direction du marché immobilier a des conséquences considérables sur la valeur de l’actif des ménages », écrit le Pew Center.
Lorsque la crise immobilière a débuté vers 2006, elle a tiré vers le bas la valeur de l’actif des ménages pendant le reste de la décennie. Une véritable hécatombe.
Toujours selon l’institut de recherche, en 1984, les ménages d’adultes de 65 ans et plus avaient un actif net de 10 fois supérieur aux ménages de la plus jeune génération des 35 ans et moins. En 2009, cette même comparaison donnait une différence de 47 fois supérieure.
En dollars de 2010, la valeur nette moyenne des retraités américains de 65 ans et plus était de 170 494 $US, comparées à un mince 3 662 $US pour les ménages de ceux qui avaient 35 ans et moins. Faites le calcul, c’est 47 fois plus en faveur des plus vieux !
La disparité de la richesse entre les plus âgés et les jeunes s’est bien sûr intensifiée au cours de la récente crise économique. Mais elle n’explique pas complètement l’ampleur du gouffre que constatent aujourd’hui les chercheurs. La faible augmentation des salaires et le chômage sont aussi des facteurs à considérer.
Malgré le fait que la valeur moyenne des avoirs des ménages ait augmenté de 10 % entre 1984 et 2009, la portion des ménages n’ayant aucun actif, ou une valeur négative, a aussi augmenté. Elle était de 11 % en 1984; elle est maintenant de 20 %.
Finalement, on apprend que l’avoir des Américains de 65 ans et plus a crû de 42 % depuis 1984, alors que celui des jeunes de 35 ans et moins a été amputé de 65 %.
Ces chiffres qui décrivent la réalité financière des Américains peuvent facilement être transposés dans la plupart des pays occidentaux, avec quelques variantes près.
Au Canada, selon l’Institut Vanier de la famille, la dette moyenne des ménages canadiens atteignait plus de 100 000 $ en 2010, et on réussissait à épargner en moyenne 2 500 $.
En 1990, on épargnait 8 000 $ par ménage. Au Québec, selon Ipsos Reid, les dettes des ménages sont passées de 40 000 $ en 2000, à plus de 65 000 $ en 2010. La progression la plus importante de l’endettement a toutefois été constatée chez les 35 à 44 ans. Or, même si la valeur des avoirs des ménages canadiens a aussi progressé de façon spectaculaire en raison de l’immobilier, rien ne garantit que ce marché ne fléchira pas lui non plus comme aux États-Unis.
Au rythme où vont les choses, une grande partie de la richesse se retrouvera néanmoins entre les mains d’une génération qui vivra plus longtemps que toutes les autres générations de l’Histoire, et qui devra en plus prendre soin de ses parents âgés tout autant que d’aider ses enfants.
source Conseiller.ca dec11
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