Monsieur Leclerc,
Merci de ce tableau exhaustif des difficultés auxquelles les européens sont exposés.
On pourrait cependant tenter d’en comprendre les lignes générales sans se contenter de souligner les contradictions qu’elles génèrent nécessairement.
1°) Le concert des nations qui leur demande des énormités est constitué de deux ensembles distincts :
– D’une part les BRICS, dont une grande part de l’économie est alimentée par des exportations vers l’U.E. Désolé pour eux, mais la pierre est dans leur jardin et le retard qu’ils ont mis à se développer un marché intérieur ne relève pas directement du problème à résoudre.
– D’autre part, les anglo-états-uniens qui ont choisi comme solution de faire valser la planche à billet et qui aimeraient que les photocopieuses européennes prennent le relais des leurs qui commencent à surchauffer. Il va falloir en tenir compte car ils ont de réels moyens de pression : flux financiers dévastateurs, assèchement de l’accès au dollar. Une réponse à minima à leur demande est mise en route par rachat ou prise en pension d’obligations douteuses et probable abaissement des taux d’intérêts de la BCE.
2°) Sauver les banques.
La réponse est difficile puisque nous ignorons des éléments essentiels sur leur santé : exposition aux obligations pourries ricaines, exposition aux dettes souveraines, qui a souscrit des CDS, qui les a consentis. Mais les solutions sont sur la table : bad bank, éventuellement intégrée au FESF, recapitalisation par les états (sans prise de pouvoir sur l’entreprise), réduction de voilure. Ça vient, et s’ajoute à certaines actions citées plus haut.
3°) Éviter la faillite des pays les plus exposés, éviter que d’autres les rejoignent.
Budgets drastiques, FESF, baisse des taux de la BCE pour maintenir une vague activité, vente des bijoux de famille… Mises à part la Grèce avec son gouvernement qui gouverne rien et qu’on va lui trouver un gouvernement de substitution, et l’Italie qui tergiverse mais qui y viendra, c’est chose faite.
4°) Sauver l’euro
– Remplacer l’impossible « dévaluation compétitive » des pays surendettés par une « inflation intérieure », c.a.d. l’effondrement des avantages acquis et protections sociales ainsi que la baisse des salaires. Ce qui aidera, par ailleurs, à une mobilité interne des travailleurs (émigration).
– Utiliser la menace de d’effondrement de tel ou tel pays de la zone pour faire baisser l’euro sans recourir à la planche à billet et maintenir la compétitivité des entreprises exportatrices.
– Tolérer une relative remontée de l’inflation pour effacer une partie des dettes publiques ou privées.
– Renforcer (c’est dans les tuyaux) la « gouvernance » de la zone euro pour permettre un pilotage plus fin et plus réactif de tout le bidule ci-dessus.
Bien sur, ça fait plutôt usine à gaz, mais, grâce à leur évidente complexité, beaucoup d’usines à gaz finissent par produire le gaz qu’on leur demande. Ça pourrait le faire si…
Si ne manquait pas à tout cela un grand nombre de propositions que défend ce blog.
– Rééquilibrer les revenus capital/travail.
– « Moraliser la finance », par l’interdiction des ventes à découvert, des CDS à découvert, des montages de produits hasardeux. Puis la rendre inoffensive en remplaçant les fixing permanent par une unique cotation quotidienne ou hebdomadaire, genre criée au poisson.
– Bâtir un système financier international qui ne repose pas sur un dollar agonisant et qui permette l’ajustement des monnaies et fonction de la puissance économique de leur zone.
– Faire, aussi, payer les riches, pendant qu’on y est.
(J’y ajouterai personnellement un poil de démondialisation et de relocalisation, mais bon, ça c’est moi.)
Il se trouve simplement, que pour l’instant nos dirigeants sont incapables de mettre en œuvre, ou même simplement d’imaginer ces changements nécessaires sans lesquels
les gens (le peuple, les peuples ?) ne suivront pas.
Pour le moment, les protestations restent dans des cadres traditionnel (manifs, indignés, gaucho-folklos) ou institutionnel (montée progressive des partis nationalistes).
Mais l’histoire procède par ruptures.
Un commentaire sur le blog de Jorion qui vaut son pesant d’or. On peut ne pas être d’accord sur tout mais une bonne analyse et un peu de bon sens permettent de mettre les points sur les i.
Après advienne que pourra mais la rupture (fracture ?) est déjà la. Le reste suivra.
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