[Il est certain que ceux qui ne comprennent pas ce qui se passe, ne peuvent qu’être circonspects pour ne pas dire plus devant de telles contradictions (apparentes) ]-alpha.b
Les Activism Angels d’Occupy Wall Street
Les créateurs des glaces Ben&Jerry’s ne veulent pas laisser fondre le mouvement. Ils veulent lever 1,8 million de dollars.
L’histoire réunit des indignés, le manager de l’ex-groupe grunge Nirvana et les créateurs de la célèbre marque de glaces américaine Ben&Jerry’s. Elle commence presque au moment où les tentes multicolores disparaissent du parvis de la cathédrale Saint-Paul, à Londres, et que la police déloge le dernier grand bastion d’irréductibles «indignés» dans la nuit de lundi à mardi derniers.
Le campement londonien est démantelé après quatre mois d’activité et c’est le doute qui s’installe sur l’avenir du mouvement mondial. Disparate, désordonné, trop hétéroclite pour durer, Occupy Wall Street? Ce n’est pas la conviction de deux personnalités atypiques du secteur privé. Ben Cohen et Jerry Greenfield (simplement connus comme Ben&Jerry) ont rencontré dimanche soir des activistes dans une église de Manhattan pour leur présenter leur projet. Les deux hommes d’affaires vont tenter de récolter 1,8 million de dollars pour maintenir en vie le mouvement Occupy, précisait hier le Wall Street Journal.
Les bailleurs de fonds souhaitent en particulier financer la création d’un quartier général pour Occupy Wall Street, à New York. Il s’agirait ainsi de fournir une structure pérenne à un mouvement polymorphe, qui a capté l’attention du monde avec des manifestations dans des dizaines de grande villes, mais dont la dynamique a été mise à mal par l’évacuation des campements très médiatiques dressés dans de nombreuses capitales.
Le nouveau groupe de soutien à Occupy, rejoint par l’ex-manager de Nirvana Danny Goldberg, se fait appeler Movement Resource Group et a déjà levé 300.000 dollars, selon Ben Cohen. Un peu plus des deux tiers de ces fonds ont été apportés par la Fondation Ben&Jerry’s. Cette dernière reçoit 7,5% du bénéfice avant impôt du groupe Ben&Jerry’s.
Les membres du comité de pilotage de la structure, qui comprend Dal Lamagna, créateur de la société de produits de beauté Tweezerman, Richard Foos et Judy Wicks, créateur de White Dog Café à Philadelphie, mettent eux aussi la main au porte-monnaie. Le montant restant – environ 60.000 dollars – a été fourni par des donateurs individuels, dont Norman Lear, un producteur de télévision et philanthrope et Terri Gardner, ancien président et CEO des produits capillaires Soft Sheen.
Le phénomène aurait de quoi faire tousser plus d’un investisseur: des grandes fortunes de l’économie privée qui lèvent des fonds pour soutenir des critiques anticapitaliste? Ben Cohen et Jerry Greenfield sont loin d’être néophytes en matière d’engagement social. S’ils n’ont plus de fonction exécutive dans Ben&Jerry’s depuis la reprise du groupe par Unilever en 2000, les deux natifs de Long Island continue de propager leurs valeurs dans l’image de marque de la société.
En 2005, Ben&Jerry’s devenait ainsi le premier producteur de glaces entièrement équitables. Ben Cohen, qui se décrit lui-même volontiers comme un ex-hippie, est un grand défenseur des libertés individuelles et de plusieurs causes aux Etats-Unis. Il milite en faveur des petites exploitations agricoles et s’érige depuis de nombreuses années en critique virulent de la politique budgétaire des Etats-Unis. Il a créé notamment l’association TrueMajority, qui compte pas moins de 700.000 membres.
Frédéric Mamaïs/Agefi fev12
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