[Peut-être un peu caricatural et réducteur, mais plein de bon sens et sans doute très proche de la vérité]-alpha.b
J’aimerais revenir sur cette affaire de lasagne de cheval, mais contrairement à ce que je lis partout, j’aimerais prendre un angle différent.
Celui de ces géants de la bouffindustrie qui sont soi-disant victimes de Spanghero.
Tout d’abord, il faut bien comprendre comment pendant 30 ans, le capital a pu cracher 15% de rendement.
Pour ça, c’est très simple. Sur n’importe quel marché, vous avez une pyramide de producteurs, du simple au compliqué. Toute la martingale a consisté à rapatrier le profit de toute la pyramide vers le sommet, par des liens de sous-traitance, franchisage, filialisation.
Plus le haut de la pyramide, le pyramidion, était petit rapporté à la taille de la pyramide totale, plus le rendement était élevé pour qui possédait des actions du pyramidion (et si on peut mettre un œil en plus sur le pyramidion, c’est encore plus clair).
Sauf que voilà, la base de la pyramide qui produit est aussi celle qui consomme. En désolvabilisant la base, c’est la demande solvable qui disparaît. Et c’est là que l’on a fait intervenir la fontaine à crédit pour maintenir la machine à extraction de faux profit. Je ne vous refais pas l’histoire, tout le monde la connaît…
Ces pyramidions ne sont grosso modo alors plus que de simples structures administratives avec un vague bureau d’études, un service marketing sur dimensionné, un service juridique et une direction des achats… Toute la partie « production » du travail a été « externalisée » (comprendre, réduite en esclavage).
C’est grosso modo la logique qu’Apple a poussé à l’extrême.
Dans le cas de notre bouffindustrie, le seul vrai capital du pyramidion, c’est l’image de marque.
(Pour d’autres secteurs, ça sera la mise en place de barrières à l’entrée, de papier si possible par la corruption le lobbying de nos chers politicards. Merci l’€URSS.)
Ainsi, pour être plus trivial, la seule véritable valeur de ces marques, c’est le fait que face au congélateur à surgelés dans le supermarché, la mère de famille employée au cerveau bien récuré, et qui vote bien sagement UMPS comme on lui dit, va se retrouver à acheter la lasagne de marque, 50% plus chère que celle de la marque distributeur, alors que c’est sensiblement la même chose (quand c’est pas juste l’emballage qui change). Vous sentez bien, énoncé ainsi, combien tout ceci est fragile et artificiel.
D’ailleurs, ce matin, j’entendais sur France Info, qu’une entreprise à 9 kilomètres de Spanghero, était elle chargée de faire les pâtes à lasagne pour tout ce petit monde… Et que son business s’écroule. C’est à dire qu’en gros, toutes les marques avaient la même viande, et avaient les mêmes pates…
Bref, l’illusion du choix sur les emballages qui masque difficilement la réalité d’un communisme privatisé…
Et je vois tout à fait ce qu’il s’est passé.
Depuis 2008, la martingale de solvabilisation artificielle via le crédit s’est effondrée. Du coup, la logique des pyramidions est rentrée dans une phase véritablement carnassière. Afin de continuer d’extraire du profit coute que coute, ils ont demandé comme partout, chaque année, à leurs fournisseurs de geler leurs prix voire de les baisser, le tout avec des prix de matières premières qui explosent.
Même si je ne doute pas qu’ils en ont profité pour faire du fric dessus, j’ai dans l’idée que Spanghero n’avait pas vraiment d’autre choix que l’escroquerie pour réussir à honorer les contraintes de coût imposées par les pyramidions…
Et voilà, qu’alors que la seule réelle richesse de ces pyramidions, c’est leur marque et leur image, construite patiemment à coups de milliards de lavage de cerveau publicité et de science du mensonge marketing, Spanghero arrive et cogne là-dedans à grands coups de masse, pour quelques millions d’euros…
Aux infos du nain.
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