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Jan 23

Le client

En définitive, si le client est roi, il est enchaîné !

 Parce que sa main droite ignore ce que fait la gauche, qu’il est toujours à la fois salarié et client, entrepreneur et acheteur, bourgeois qui défend ses propriétés et citoyen qui prône les valeurs universelles, en définitive Adam et Ève chassés du paradis.

Chassés du paradis ou plutôt poussés en enfer par leurs propres démons que sont l’inégalité, la cupidité, le vol, voire la pulsion de mort qui pousse certains à vouloir être les plus riches du cimetière !

Comment alors briser les chaînes et chasser les démons ?
Comment assurer à l’espèce humaine les valeurs essentielles et universelles que sont la vérité, la justice, la fraternité, la liberté, l’amour et la beauté  et lui permettre de survivre ?
Comment donc mieux partager la richesse entre les sept parties prenantes ?

Quatre pistes de réflexion pour commencer :

1. En rémunérant les actionnaires par un intérêt variable sans leur accorder pour autant la propriété des actifs de l’entreprise dont la majeure partie devient d’ailleurs intangible au fur et à mesure de sa croissance ? À condition toutefois que les financiers s’engagent à mieux mesurer et à actualiser tous les actifs des entreprises ! Et si les actions et obligations ne sont plus négociables, qu’une fois les résultats de l’entreprise publiés et certifiés, on réduira d’autant la spéculation et cette absurdité totale qui veut que la valeur d’une entreprise peut varier plus de 1.000 fois à la seconde du fait du trading à haute fréquence (HFT).

2. En assurant que les accroissements de la valeur de l’entreprise et les gains de productivité alimenteront en priorité – par le salaire et la participation – le revenu et le pouvoir d’achat des salariés ? Pour donner la priorité aux salaires plutôt qu’au crédit et réduire de ce fait les délocalisations et les surproductions. À condition toutefois que les clients puissent maximiser l’utilité du produit acquis grâce en particulier à des interactions réellement satisfaisantes avec le producteur et le marchand. Il est temps en effet que les salariés apprennent à traiter les clients comme ils aimeraient être traités eux- mêmes. Et s’ils sont bien payés et que les produits sont de qualité, il n’y a pas de raison qu’il n’en soit pas ainsi.

3. En développant la consommation collaborative, celle qui veut que « ce qui est à moi est à vous » comme l’a écrit Rachel Botsman ? Pourquoi en effet acheter une foreuse qui au total sera utilisée 12 minutes en moyenne alors qu’il suffit de la louer quand on en a besoin. À condition toutefois qu’à force de gadgets, les produits ne soient plus des signes d’identité et de liberté mais davantage des outils de collaboration et de partage. Et que les producteurs assument directement le recyclage de leurs produits et le traitement de leurs déchets.

4. En investissant massivement dans les énergies renouvelables comme le propose Jeremy Rifkin [11] pour, si pas réparer, au moins arrêter la destruction de la Terre ? À condition toutefois que ces investissements ne soient pas monopolisés par les producteurs d’énergie mais au contraire pris en charge au niveau de chaque bâtiment, décentralisés et donc gérés en réseau par le partage et la solidarité.

À travers ces quatre premières pistes, il s’agirait en définitive de privilégier la société citoyenne au détriment du marché et de l’Etat, pour que s’y développent les nouveaux emplois et le nouveau capital social qui jetteront les bases de la nouvelle civilisation qui remplacera celle que nous connaissons aujourd’hui.

Et qu’enfin, l’espèce humaine assure sa survie en privilégiant le partage et la solidarité plutôt que la propriété et la compétition.

Extraits d’un article de Jean Luc Schellens sur le blog de Paul Jorion

www.pauljorion.com

 

 

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