[Beaucoup de bon sens et d’expériences dans ce constat qui montre qu’aujourd’hui la vraie innovation ne peut venir que d’une petite structure ouverte et transparente. Tout le contraire de la société de force qui nous a amené là où on est !]-alpha.b
Proposer des innovations c’est en réalité remettre en cause le fonctionnement actuel d’une entreprise. C’est montrer que l’on peut faire mieux et différemment. C’est donc une remise en cause du travail forcément brillant du Politburo, pardon… de la sainte hiérarchie.
Nier ce principe de base qui sape la créativité de nos entreprises est faire une erreur fondamentale. Ce n’est pas l’argent pour innover qui manque à nos entreprises. C’est la capacité de tous à se remettre en cause et c’est bien sûr valable pour nos patrons qui, de façon générale, ne supportent pas la contradiction.
Vouloir innover, c’est commencer à mener une réflexion. Innover c’est forcément réfléchir. Or, si on vous dit que réfléchir c’est désobéir, innover devient de fait une désobéissance intolérable. Par voie de conséquence, l’innovation devient impossible.
Vouloir innover, c’est accepter qu’une idée puisse jaillir d’un petit esprit, des sans-grades, des crétins d’en bas… Or c’est bien connu, le crétin d’en bas doit savoir rester à sa place. Le bon crétin d’en bas est celui qui se tait. Combien de batailles ont-elles été perdues par des généraux ou des politiques coupés des réalités du terrain. Pourtant, étant le plus proche de la réalité, c’est en général le crétin du bas, méprisé par les « hautes instances » qui a les meilleures idées.
Vouloir innover, c’est accepter de prendre des risques. Or prendre un risque, c’est dangereux en soi mais dans le cadre de l’entreprise c’est particulièrement nocif pour une carrière.
Il y a plusieurs types d’innovations
L’innovation technique, l’innovation marketing, l’innovation organisationnelle. Vous l’aurez compris lorsque l’on parle innovation, on imagine avant tout une innovation technique. Les innovations techniques sont essentielles bien évidemment et il ne s’agit pas de dire qu’elles ne comptent pas.
Mon propos est juste d’attirer l’attention sur le fait que les innovations marketing, c’est-à-dire la capacité non pas du savoir-faire mais du faire-savoir, et que les innovations organisationnelles sont également très importantes dans un processus de compétitivité, puisque c’est bien de cela que l’on parle ou en tout cas que l’on vise.
Savoir faire plus avec moins requiert de l’imagination, de la créativité et donc fondamentalement de l’innovation. Or nous pouvons tous constater à quel point les progrès sont lents notamment dans l’administration qui, à l’ère du Web 2.0, continue à nous demander de remplir des formulaires papiers en triple exemplaire avec des cases toujours trop petites par rapport aux informations que l’on doit mettre dedans…
Toujours pas de signatures numériques, toujours pas de dématérialisation ou très peu, pas d’automatisation mais des tâches administratives absurdes qui n’ont plus aucun sens lorsque les innovations techniques sont là. Elles sont là, les innovations techniques. Elles ne sont pas utilisées ou sous-utilisées.
Je voulais juste pointer du doigt que la technique peut être là, mais pas l’innovation organisationnelle et les deux sont intimement liées.
Innover ce n’est pas qu’une question d’argent
Pour avoir pratiqué comme banquier nos amis d’OSEO ou de l’ANVAR à l’époque, j’ai toujours été ahuri par le gâchis énorme de l’aide à l’innovation.
J’ai vu trop, beaucoup trop d’abus et pendant plus de 10 ans pour ne pas être désabusé par toute idée qui consiste à dire que l’État, c’est-à-dire nous, les contribuables, allons donner de l’argent à des entreprises pour qu’elles innovent !!
L’innovation est un processus complexe et en réalité l’argent y est totalement secondaire.
Enfin, vouloir investir l’argent des autres dans des projets qui ne sont pas les siens n’a pas grand sens et ne peut pas donner de bons résultats à l’arrivée.
Cette politique d’aide à l’innovation est donc une tentative stupide de réinventer l’eau chaude avec des organismes qui existent déjà et qui n’ont jamais permis l’émergence d’une technologie ayant changé le monde… mais qui nous ont coûté déjà des dizaines de milliards pour pas grand-chose.
Mais on va recommencer avec les idées qui ne fonctionnent pas.
Lassant.
Extraits d’un article de Charles Sannat AuCoffre.com
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