Nous savons qu’un consortium de banques a offert une solution privée à la crise chypriote, mais qui n’a apparemment pas été sérieusement considérée.
Sur une note plus légère, nous savons aussi maintenant que le premier nom du gouverneur de la banque centrale de Chypre est « Panicos », nous rappelant que le vieil adage, «Votre nom est votre destin » peut renfermer une part de vérité…veuillez pardonner cette parenthèse mais je ne pouvais m’en empêcher. En fait, je me mets à la place de celui qui exerce le job le moins désirable de la planète en ce moment…
Cela fait beaucoup de choses à assimiler en seulement 72 heures. Où cela va-t-il s’arrêter ? Qu’avons-nous appris de tout ça ? Un certain nombre d’éléments. Nous avons vu une nouvelle fois que la zone euro n’est pas en mesure de faire face à ses problèmes de façon rationnelle.
Nous assistons à la gestion la plus désastreuse d’un nouvel épisode de la crise de la zone euro et cela met en lumière la situation critique des 17 pays qui partagent la monnaie unique. La panique est si importante qu’aucune action n’est trop extrême pour préserver un projet voué à l’échec et pour défendre le capital politique investi dans ce monumental échec.
Que nous soyons déjà arrivés au moment où les politiques tentent ouvertement de confisquer les avoirs des citoyens les plus modestes était peu prévisible à ce stade de la crise…Et c’est de mauvaise augure pour ce qui peut encore arriver si la crise venait à s’aggraver.
Nous ferions mieux de nous habituer à voir notre argent annexé par les politiques
L’idée d’un impôt prélevé en une fois sur les avoirs n’est pas nouvelle. Plusieurs rapports ont, au cours de dernières années, fait état que le besoin désespéré de financement du secteur public pourrait – et pourra – conduire à la confiscation de la richesse à grande échelle. Boston Consulting Group a déclaré dans un récent rapport que près de 29% de toute les avoirs privés, non seulement les dépôts, seront susceptibles, au final, d’être confisqués pour couvrir les dettes déjà contractées. Donc, nous ferions mieux de nous habituer à voir notre argent annexé par les politiques. Ce n’est que le début. Le diable est sorti de sa boite, peu importe ce que sera l’issue de la crise chypriote…
Ce qui m’étonne, c’est que cette initiative et extrêmement risquée pour un enjeu aussi modeste. La lente prise de conscience que la confiscation de notre argent sera la prochaine étape dans la crise de la dette a été accélérée par cette situation.
Changement des règles du jeu et mise en action des décisions les plus effrayantes pour « seulement » 5,8 milliards… L’impact pourrait déclencher des flux massifs de capitaux et des dévaluations d’actifs à hauteur de centaines de milliards de dollars. La perte de confiance sera préjudiciable à l’ensemble des économies fragiles.
Pourquoi diable la Troïka n’a-t-elle pas activé de telles mesures pour une situation réellement dangereuse, par exemple dans le cadre d’un plan de sauvetage pour l’Espagne ou de l’Italie?
Incompétence? Manque de compréhension du marché? Ou encore plus effrayant – peut-être parce qu’elles résultent d’une volonté politique pour obtenir les faveurs des électeurs et « traire » les riches à l’avenir?
C’est intrigant et fascinant – c’est juste une honte que la population de Chypre soit contrainte de passer par cette étape, en réponse à des problèmes qu’elle n’a pas créé.
Qui sera le prochain à se retrouver dans une telle situation ? Telle est la question qu’il convient de se poser. Soyez prudent…
Lars Seier Christensen, co-fondateur & CEO de Saxo Bank
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