[Il est en effet grand temps de le faire, mais en aura t il le courage, s’il est élu ?]-alpha.b
Après la chute de Papandréou en Grèce, de Berlusconi en Italie et de Zapatero en Espagne, la France semble être sur le point de signifier à Nicolas Sarkozy son congé. Aucun des dirigeants européens au pouvoir n’aura donc survécu à la crise qui aura eu raison d’eux, les abattant l’un après l’autre comme dans un jeu de quilles à l’échelle continentale. Le score du Président sortant à l’issue du premier tour pose en effet les jalons d’une victoire de François Hollande, laquelle agira à la manière d’un électro choc pour des marchés pleins de préjugés.
Aux yeux de la haute finance, vu à travers le prisme réducteur des agences de notation et du point de vue des investisseurs seulement préoccupés par leurs petits profits, Hollande est l’homme de la dépense publique, de la renégociation des traités européens et … de la tranche marginale à 75% ! Cette caricature facile d’un personnage présenté comme rétrograde pour priv ilégier croissance et emplois au détriment de l’orthodoxie est néanmoins paradoxale. S’il est élu, le socialiste remettra précisément en cause un consensus en place remontant à une trentaine d’années et fera trembler dans ses fondements la philosophie ultra libérale où les marchés régnaient en maîtres absolus telle que mise en place par Reagan et par Thatcher.
L’axe Merkel/Sarkozy – ou « Merkozy »- sera à l’évidence instantanément dissout, comme le sera le pacte contracté par les deux dirigeants français et allemand actuels qui veux que l’Allemagne ferme les yeux sur les injections de liquidités parcimonieuses de la Banque Centrale Européenne en faveur des pays de l’Europe périphérique en contrepartie d’une austérité qui assèche tout sur son passage. N’est-il pas temps que la sujétion au dictat allemand cède enfin la place à une nouvelle relation plus équilibrée et plus volontariste du côté français ?
N’est-il pas également temps pour la France de prendre la tête d’un mouvement et de se muer en chef de file de nations européennes révoltées par une rigueur instaurée dans le seul but de plaire à des marchés financiers insatiables? L’Union Européenne peut en effet modifier (envers et contre l’Allemagne) ses priorités comme elle doit relever la tête face aux marchés o bligataires tout puissants.
L’obsession de la réduction des déficits doit immédiatement s’effacer au profit d’une politique sereine de relance de la croissance et de l’emploi, seule et unique clé pour sortir de la crise. A cet égard, le gouvernement espagnol (de droite) qui proteste de plus en plus contre les exigences imposées par Bruxelles, le prochain gouvernement des Pays-Bas qui fera place à l’actuel démissionnaire pour avoir cherché à réduire drastiquement les dépenses publiques, le futur gouvernement grec élu prochainement et qui se rebellera certainement contre la liquéfaction de son économie décrétée par la technocratie européenne et même le très orthodoxe Mario Monti qui commence à s’interroger sur le bien fondé de l’intense rigueur instaurée en Italie seront tous derrière le nouveau Président français.
Emmené par la France, un front du Sud doit être ouvert qui obtiendra un soutien total de la part de la Banque Centrale Européenne et une humanisation des traités européens. Sous l’égide de ce front du Sud, un changement de paradigme en faveur des peuples et de l’emploi devra s’opérer. Car le modèle européen coulé dans le moule anglo-saxon a bel et bien vécu.
Michel Santi – Economiste
Commentaires récents