Il est bien sûr trop tôt pour prédire les conséquences à long terme de l’épidémie de coronavirus. Ceux qui le font sont des charlatans.
Il n’est pas trop tôt en revanche pour reconnaître que la situation est grave, tant sur le plan sanitaire que sur les plans économiques et financiers et la stabilité sociale.
Le risque d’une mise en réflexivité du financier et de l’économique existe, c’est incontestable; un cercle vicieux de déflation économique qui paralyserait le crédit serait catastrophique.
La récession mondiale n’est pas une certitude mais elle est l’hypothèse la plus probable.
Pourquoi? Parce que déjà les forces de croissance étaient faibles, et que le sinistre intervient alors que de nombreux pays sont dans des situations vulnérables
Avec les achats d’anticipation et de stockage, les statistiques vont être faussées, et la récession n’est peut-être pas imminente. Mais cela pourrait être trompeur.
Selon toute probabilité, le ralentissement économique sera profondément atypique ; il devrait se situer à la fois au niveau de la demande et au niveau de l’offre, ce qui est rare.
Des dizaines de millions de personnes ne peuvent pas aller travailler, les déplacements et les transports sont fortement perturbés, les chaînes de valeur mondiales s’effondrent, les frontières sont bloquées et le commerce mondial se rétrécit parce que les pays se méfient les uns des autres.
Il n’est pas impensable que le choc sur l’offre nous conduise a une situation originale dans laquelle coexisteraient à la fois des excédents et des pénuries.
Des poches d’inflation spécifiques ne sont pas exclues; tout comme il n’est pas exclu qu’elles soient contagieuses. Si c’était le cas cela compliquerait singulièrement la tâche des responsables de la conduite des affaires; le monde n’est pas prêt à supporter une poussée inflationniste, tout le monde est du même côté du bateau, le côté déflationniste.
Les pays touchés ou même non touchés vont devoir engager des dépenses budgétaires massives à la fois pour faire face aux dépenses de santé, aux pertes de revenus et soutenir leurs économies.
Beaucoup vont regretter la légèreté avec laquelle ils ont creusé les déficits sans raison autre que politique dans le passé et ils vont regretter les largesses antérieures.
La prochaine récession viendra probablement de la Chine.
La Chine est mal en point coincée dans le stop and go à cause d’un endettement généralisé excessif et avec une économie désajustée.
Elle a un problème démographique. Elle ne peut se permettre une pause prolongée car son système bancaire est en état de quasi faillite. Les particuliers, les entreprises les municipalités, les provinces ont besoin de fonds pour rembourser des dettes astronomiques. Le Yuan est tout sauf solide.
Une spéculation folle sur le logement résultant de programmes de relance récurrents a produit une bulle qui si elle éclatait ferait sombrer le système.
Et surtout déstabiliserait la société chinoise. Dans ce contexte, sans imaginer le pire on peut craindre que les tensions sociales et politiques se manifestent et compliquent la gestion d’une situation qui mérite beaucoup de doigté.
Extraits d’un article de Bruno Bertez www.brunobertez.com
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