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Déc 23

Dette

Le PIB se mesure en additionnant les dépenses – la consommation, l’investissement, les dépenses gouvernementales et les exportations nettes.

La dette totale aux Etats-Unis est désormais de 58 000 milliards de dollars (et non 60 000 milliards comme annoncé hier… mais que sont quelques milliards ici ou là ?) C’est près de cinq fois l’économie réelle qui la soutient.

Ceci contribue à expliquer pourquoi il est si difficile de se sortir de la dette par la croissance. Même si l’on pouvait limiter l’augmentation de la dette à 3% du PIB par an, la partie productive de l’économie devrait se développer de 5% rien que pour faire du surplace. Aucune économie développée au monde ne croît aussi rapidement.

A un taux d’intérêt moyen de 3%, l’intérêt annuel sur 58 000 milliards de dollars est de 1 700 milliards. C’est légèrement moins de 10% du PIB mais c’est 14% — soit un dollar sur sept — de l’économie privée.

Rien qu’en janvier 2002, le bon du Trésor US avait un rendement de 5%. Si le taux d’intérêt moyen retrouvait ce niveau — et ce sera le cas tôt ou tard — il faudrait 3 000 milliards de dollars pour payer la dette américaine, ou un quart de la production privée.

Comment est-ce que ça fonctionne ?

Pour se sortir de la dette par la croissance, il faut augmenter les revenus plus rapidement que la dette. Disons que vous pouvez soutenir un taux sain de croissance du PIB de 3% par an. Cela signifie que la dette additionnelle ne peut dépasser les 3%.

Le déficit budgétaire des Etats-Unis en 2014 était de 2,8% — nous prenons les Etats-Unis à titre d’exemple, au passage, mais le même raisonnement peut s’appliquer à toutes les économies développées de la planète.

Il y a peu de chance qu’il passe sous ce niveau. Et ce n’est là que la somme empruntée par les autorités. Le secteur privé représente encore deux tiers de l’économie. S’il n’empruntait rien, la dette pourrait se contracter par rapport à l’économie sous-jacente. Mais sans emprunt, l’économie ne se développera pas ; elle se réduira. C’est pour cette raison que les autorités sont intervenues en 2009. Le secteur privé a cessé d’emprunter.

La théorie de la politique contra-cyclique keynésienne, c’est que le gouvernement peut compenser le manque de crédit de la part du secteur privé en empruntant bien plus que d’ordinaire. Au cours des cinq dernières années, les programmes de relance du gouvernement fédéral US ont ajouté 9 000 milliards de dollars à la dette américaine. Durant cette période, cependant, le secteur privé a tout juste augmenté.

La dette est utilisée par le secteur privé, c’est souvent uniquement pour stimuler les dépenses de consommation. Qui plus est, les taux ultra-bas de la Fed attirent souvent les capitaux dans des investissements instables et dangereux — comme le pétrole de schiste ou les prêts subprimes.

De sorte qu’une grande partie du crédit allant au secteur privé est également gâchée. Les taux de croissance du secteur privé baissent depuis les années 70. Mis au fer par des milliers de milliards de dollars de dette, bâillonnés par des réglementations et des restrictions, trompés par des signes financiers factices de la part des banques centrales… ils resteront probablement bas et chuteront plus bas encore dans un proche avenir.

Se sortir de la dette par la croissance ? Peu probable.

Bill Bonner La chronique AGORA

 

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