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Mai 08

Dasein

La crise financière puis économique n’est qu’un point de détail à côté de la crise de civilisation dans laquelle les sociétés sont entrées depuis près de deux décennies, avec une amorce au cours des deux décennies précédentes, 80 et 90.

C’est cette crise de civilisation qui a amené le déroulement de la crise de 2008 et des précédentes. On peut en voir quelques causes. L’avènement de l’individualisme, la décomposition des élites devenues cupides et étrangères au sort du monde, la complicité des dirigeants aux élites elles aussi corrompues, le souci du matérialisme, l’ensorcellement technologique, le règne de la technique et de l’argent et pour donner un peu plus d’efficace à ces forces de dé civilisation, la globalisation. Cette crise est aussi celle de la Modernité. Auquel cas, elle remontre à quatre siècles avec des moments successifs, notamment l’avènement de l’industrie et des sociétés de masse. Et quelques rêves collectifs, comme dans les années 1960-70.

 Mais l’engrenage qu’il faut le plus redouter, c’est celui qui conduit au krach de civilisation. Perte du sens civique, du lien social, de la mixité sociale, écarts de revenus, recentrage sur soi, égoïsme, défense des intérêts personnels, carriérisme, déchéance sur fond de narcissisme et de cupidité, dévotions technologiques, abrutissement de masse par des loisirs de masse, des produits culturels de masse dont la promo est effectuée par des médias de masse. La retenue, la morale, le bon goût et les valeurs ne sont plus de mise en cette époque ou l’Internet relaie tout et n’importe quoi, les œuvres de Platon autant que la bêtise de masse et l’idiotie ambiante. Les médias de masse secondés par une masse de médias.

Cette crise est à la fois celle de la transmission, de l’instruction et de la création. Les élites piétinent les valeurs et ne parviennent plus à élever les masses vers le haut. D’un autre côté, ces masses contribuent à piétiner l’autorité, avec comme signe marquant la désaffection face à la haute culture, la consommation de produits culturels bas de gamme et parfois, des actes d’incivilités face aux dépositaires du savoir.

Il faudrait un livre pour décrire la situation des sociétés occidentales. Et surtout inverser les causes en tentant de montrer que c’est la crise économique est plus un effet qu’une cause. J’ai omis l’université qui elle aussi, peine à transmettre les savoirs et se complait dans une transformation conduite par les impératifs du Marché ou alors les velléités bureaucratiques des professeurs fonctionnaires et autres cadres administrateurs. L’université française est à l’image de la civilisation, un naufrage !

 Aucune solution politique en vue pour des problèmes qui ne sont pas posés car plus personne ne pense au-delà des horizons convenus et cadrés par les œillères trop humaines. La politique, c’est devenu une chose qu’il ne faut pas délaisser. L’Etat, une grande entreprise dont chaque actionnaire à un droit de vote pour révoquer le conseil d’administration. Ou une sorte de syndic qui régulièrement convoque les copropriétaires tous les cinq ans.

 Bref, le politique est autant responsable que le citoyen consommateur dans cette situation dont on peut choisir de se dégager après en avoir fait le tour. C’est ce que j’ai fait. Je pense avoir compris l’essentiel. Il est temps de passer au Dasein, au concept de la vie et de prendre appui sur les épaules de Darwin et Einstein pour comprendre l’univers.

 

Extraits d’un article de Bernard Dugué    agoravox

 

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