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Nov 05

Confiance

Les deux événements les plus importants de notre histoire récente sont incontestablement les attentats terroristes du 11 Septembre, d’une part, et la crise financière dite de 2008, d’autre part.

Aussi bien le 11 Septembre que la crise financière nous ont plongés dans une situation de guerre. Une situation où les règles normales de gouvernement, de fonctionnement de nos systèmes, sont suspendues. La guerre justifie tout, autorise tout

On a coutume de dire que la première victime, dans une  guerre, c’est la vérité. Et cela est profondément vrai. On le voit quotidiennement dans les deux registres que nous avons évoqués en liminaire, le terrorisme et la crise financière.

Le point commun entre ces  deux malédictions, c’est la menace sur la sécurité. Le terrorisme met en danger votre vie et celle de vos proches; la crise financière, bancaire et économique, met en danger votre patrimoine, votre emploi, votre avenir et celui de vos enfants. Dans les deux cas, c’est de votre vie qu’il s’agit, de votre temps de vie puisque, dans nos sociétés, le travail et son produit sont ce autour de quoi tourne votre activité.

De tous temps, sécurité et liberté ont été liées. Une liaison complexe, organique, bien difficile à clarifier.  Dans la situation présente, la simplification suggérée par la propagande publique est que vous, citoyens, vous devez abandonner une partie de vos libertés afin que le  Pouvoir, les pouvoirs,  puissent assurer votre sécurité

Le vieillissement de nos sociétés, et, quand nous parlons de vieillissement, nous ne désignons pas seulement l’âge et la démographie, mais le vieillissement culturel, la perte de l’élan vital, la perte du  goût du risque, ce vieillissement crée un biais, une préférence pour la sécurité, la protection, l’assistanat, l’égalité.

Mathématiquement, en fonction des statistiques,  la masse des citoyens, sans en avoir conscience, sans que ce soit un choix délibéré,  glisse vers le toujours plus collectif ou plus public, qui lui parait être la garantie de sa sécurité

Quand l’arbitrage est fait en toute connaissance de cause, avec exposé honnête de la situation,  avec les tenants et aboutissants, ma foi il n’y pas trop de problème. Mais en revanche, quand,  les dés ont été pipés, quand la propagande a déformé le réel, faussé  la vision, tripatouillé pour enfumer, alors la question se pose de la valeur de l’acquiescement des populations. Si le consentement est obtenu par des manœuvres dolosives, il est, c’est évident, entaché. Il est quasi violence.

Nous soutenons que c’est le cas dans nos sociétés dites de Communication, mais en réalité de manipulation. Nos sociétés escamotent. C’est leur grande, très grande spécialité, avec la mystification. Elles escamotent les vraies causes du terrorisme fondamentaliste, elles escamotent les vraies causes de la crise financière. Elles escamotent le sens des soi-disant solutions qu’elles mettent en œuvre.

Il n’y aurait  pas grand-chose à dire, disons-nous plus haut,  si la classe des dominants, des chefs dont nous parlons ci-dessus était  bien « produite », nous insistons sur « produite », par la situation; dans ce cas, ils seraient les plus légitimes, les plus adaptés, les plus à même de faire ce pourquoi on les a acceptés comme chefs.

Bref, il n’y aurait rien à dire si, et seulement si, ils étaient  capables de faire leur preuve, s’ils étaient  bien ce qu’ils prétendent être, des chefs.  Bref, nous disons qu’il n’y aurait  rien à dire si ce petit rien qui est tout, la CONFIANCE était  là. Même si cette confiance a été donnée « les yeux fermés ».

La confiance, cette sorte d’abandon optimiste que l’on fait de soi ou d’une partie de sa vie, est la pierre angulaire, la pierre sur laquelle se constitue le mythe du contrat social. Plus encore que sur les votes ou sur les textes. C’est la confiance qui fait que l’on accepte de déposer les armes, de croire ce que l’on nous dit, d’espérer ce que l’on nous promet. De baisser la tête et de continuer de tirer la charrue.

Mais, dans le cas présent, dans le cas historique présent, la Confiance n’est pas là.  Elle n’est pas là pour compenser, pour effacer le caractère dolosif du consentement obtenu des Français.

Extraits d’un article de Bruno Bertez    le blog à Lupus

 

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