L’ordre du monde est une course entre le savoir de vérité et la crise.
Nous disons « savoir de vérité » parce que, à notre époque où l’on s’efforce de remplacer la vérité par la propagande et l’opinion, il convient de bien insister sur la différence entre les deux.
Le monde vit dans une névrose, un système de représentations qui sont de plus en plus disjointes du réel. Le monde des signes reflète de moins en moins la réalité.
Le symbolique est peu à peu remplacé par un imaginaire. Et cet imaginaire est un produit du pouvoir. Il n’y a plus reflet/traduction mais substitution.
Ce sont les objectifs de la Com et des Relations Publiques lesquelles ne consistent pas à dire la vérité mais à créer des discours dont le but est de vous faire penser ce qu’ils veulent que vous pensiez.
Ils sont incroyablement compétents pour faire prendre aux peuples les vessies pour les lanternes. Tout simplement parce que l’objectif de leur action n’est pas le bien commun, l’intérêt général, mais la reproduction, le maintien, la consolidation de leur puissance. Ils sont compétents et motivés.
Le sens des choses, des phénomènes, de l’actualité, n’est plus une donnée, c’est le résultat d’un travail
Le système, l’ordre ont leur vie propre, ils produisent les discours, les rationalisations et les théories qui leur permettent de se perpétuer et seul un travail critique, travail de révélation, travail de démystification permettent d’espérer modifier le cours de la fatalité.
Comprendre est un travail de décodage non mécanique, sans cesse à réinventer car il n’y a pas de recette. Comprendre se fait d’en bas, par une remontée et non du haut par projection d’une grille d’interprétation ; la compréhension par projection est idéologique.
Cette fausse sortie de crise fait partie elle-même de la crise ou de son pseudo-traitement par les élites. Elle en est partie intégrante, puisqu’elle va leur donner, pour un temps, celui de la stabilisation, la possibilité de vous faire avaler ce qu’ils veulent comme réformes ou régressions
L’amélioration actuelle a un coût, mais les élites le supportent car c’est le prix à payer pour aller plus loin dans la voie qui les intéresse, voie qui a été interrompue en 2015 et 2016 par les cassures politiques, la fin du bipartisme, les fragmentations sociales, les élections non conformes.
Ce n’est que si on a compris, si on sait viscéralement que nous sommes toujours dans la crise, mais dans une autre phase, que l’on peut tenter d’espérer envisager de s’y adapter.
La crise ce n’est pas la fin du monde, c’est tout simplement la rupture, le constat que les choses ne peuvent être comme avant.
Extraits d’un article de Bruno Bertez brunobertez.com
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