Quelle chute, mais quelle chute entre tout ce que nous promettaient les ignobles néo-libéraux thatchéro-reagano-madelino-miltonfriedmaniens dans les années 80 sur la délocalisation des basses tâches productives au profit de l’enrichissement matériel et intellectuel de l’Occident, puis sur l’enrichissement de toute la planète.
Au prix peut-être de quelques ajustements douloureux en Occident (il ne fallait pas être égoïste mais voir le gain d’ensemble, hein !) et cette destruction annoncée, sinon programmée, et qui paraît inéluctable, de tout ce qui a pu être quand même édifié en Occident (certes au prix de l’asservissement colonial et néo-colonial du tiers-monde et grâce à une énergie sous-payée) !
…et naturellement la fable humaniste de l’émergence des BRICS ne sera qu’une fable de plus : la Chine ralentit, ses bulles diverses et monstrueuses risquent d’éclater à tout moment, il n’y a toujours aucun règne de la loi digne de ce nom dans ce pays autoritaire, ni de protection sociale, alors qu’il constitue le premier pays encore globalement sous-développé (à concurrence de 900 M d’habitants !) à entrer dans une phase de vieillissement démographique massif…
De toute façon, pour la Chine, pour l’Inde, pour le Brésil, la Russie (en phase d’implosion démographique) ou l’Afrique du Sud (le S du BRICS), se pose de toute façon à très brève échéance la limite écologique-démographique, la fameuse « sustainability » de leur développement forcé.
Oui, mes phrases sont longues et communes. Qui chantera poétiquement ou musicalement, qui peindra, qui sculptera, qui dépeindra littérairement :
– le foisonnement morbide des crises ?
– le destin funeste des peuples unis dans la promesse nouvelle, puis globalisés dans l’exploitation et l’austérité, enfin bientôt séparés et morcelés dans le désespoir, la haine, finalement les guerres en chaîne pour les ressources, pour trouver les coupables, pour émigrer, pour survivre.. ?
– l’arrogance, la paranoïa et l’effroi des classes ou castes oligarques, les seules vraiment et organiquement globalisées sur cette planète ?
– la clairvoyance des justes, des sages, des observateurs ou navigateurs du mælstrom…
Après tout, me frappe l’indigence artistique de notre époque quand tant d’autres de tumulte (guerre de 100 ans, Renaissance, royaumes combattants en Chine, époque des luttes entre les provinces au Japon…) ont laissé tant de trésors.
Au moins laisser une trace esthétique de notre désarroi…
Je me demande aussi parfois qu’est-ce que « leurs contemporains » pourraient faire de mieux qu’eux ?
Si ceux que certains appellent aujourd’hui « les incompétents » sont au pouvoir, c’est peut-être que depuis un bon nombre de décennies, la compétence n’est plus la priorité requise pour pourvoir à ces postes.
Peut-être que le système pourrait s’avérer trop complexe pour qu’un humain homo sapiens ne puisse être en même temps à sa tête et en même temps compétent pour tous. Il ne sera considéré compétent que par les gens qu’il chouchoute.
J’aime lire ou écouter vos analyses et vos propositions, les vôtres ou celles de Frédéric Lordon par exemple, mais si nos « élites » ne les appliquent pas aujourd’hui, qui les appliquera ? Et quand bien même Lordon ou vous-même puissiez grimper au sommet pour les faire appliquer, n’avez-vous pas l’impression qu’un assassinat surviendrait tout de suite après (voire avant même la décision de changer les règles du jeu) ?
N’étant pas un Indigné public (juste en privé), je suis perplexe quant aux VRAIES solutions, celles qui permettraient que la suite se passe sans de sévères anicroches.
Selon moi, la seule solution viable est la décroissance volontaire, vouloir moins pour agresser moins. En attendre moins pour moins se révolter quand on vous dira que le confort, c’est fini.
Je sais, j’ai le beau rôle dans l’affaire, je ne suis même plus au chômage (hors statistique désormais), mais merde ! Je n’ai jamais trouvé que ce que l’on vivait était « normal », j’y ai toujours vu de l’inégalité.
Inégalité Nord-Sud, inégalité Orient-Occident, inégalité actionnaire-allocataire, ce n’est pas moi qui l’ai vu en premier, ce sont les démocrates qui m’ont mis des livres, des faits, des statistiques devant les yeux pour me prouver dès le début qu’ils créaient un monde fou. Le discours de la génération active est double, il dit : « l’espoir est au bout du tunnel » et en même temps, elle nous prouve à chacun de ses bouquins qu’on se dirige vers plus de misère. Environnementale et humaine.
Je ne veux accuser personne, mon père fait partie de cette génération tournée toute entière vers le futur, vers la science-fiction, la nourriture et la santé pour tous, mais rien à faire, je n’ai jamais cru à ce monde meilleur dans lequel il faudrait croire. Le Progrès est le plus grand mythe de ces derniers siècles, je suis né dedans, je fais partie des enfants de riches, qui sont plus grands que la moyenne parce qu’ils ont été trop bien nourris, qui ne sont pas trop cons parce qu’ils ont été trop éduqués, qui sont super efficaces parce qu’on leur a mis des lunettes sur le pif à 5 ans et un appareil dentaire dans la bouche à 15 ans.
Vous croyez que je me plains? Au contraire, je suis fier d’être un surhomme ! Mais concrètement, qu’est-ce que j’en fais aujourd’hui ? Je n’ai pas de formation, c’est vrai. Mais quel sens donner à un boulot voire à une carrière quand on vit dans un climat de peur de manquer de ressources énergétiques d’ici peu, quand on parle d’une Terre asphyxiée, lessivée, à bout de souffle et surtout d’inégalités criantes entre personnes?
Aujourd’hui, de surcroît, on nous parle de chaos financier et économique!
Perso, je rêve simplement de pouvoir manger des aliments riches et sains jusqu’à ma mort et de partager cela avec toutes les personnes que je rencontre. Le confort et la technologie, c’est bien mais avons atteint les limites, je crois. On reprendra peut-être tout cela dans quelques années ou décennies, mais dans l’immédiat, que faire ? Je m’apporte mes propres réponses et je voulais simplement présenter ici mon témoignage…
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