Par ALEXANDRE DELAIGUE chroniqueur économique
Aux dernières nouvelles, le gouvernement devrait bientôt être amené à réviser à la baisse sa prévision de croissance pour l’année prochaine. Si l’on en croit les conjoncturistes, il est effectivement très urgent de sortir de l’illusion d’une croissance à 1,7% l’an prochain, si tant est que quelqu’un y croie encore.
L’optimisme version méthode Coué pour la croissance économique n’est pas une spécificité gouvernementale. François Hollande déclarait ainsi lors des débats des primaires compter sur une croissance faible en 2012, mais de l’ordre de 2 ,5% les années ultérieures. Sur les moyens d’atteindre un tel résultat, il est resté nettement plus évasif. Tout au plus évoquait-il dans son discours d’investiture une réforme fiscale «de croissance». Il est certainement possible de rendre le système fiscal français plus juste; croire qu’il existe une recette fiscale pour relancer la croissance est bien plus discutable. Il y a de bonnes raisons de penser que la croissance française sera médiocre au cours des prochaines années.
Une croissance qui ralentit depuis 40 ans
Le ralentissement de la croissance économique est une tendance longue, qui date de 40 ans, qui n’est pas spécifique à la France mais touche tous les pays développés. Les économistes avancent plusieurs explications à ce phénomène. La plus plausible consiste à constater que les économies développées s’appuient sur des technologies anciennes, et que les nouvelles technologies n’ont soit pas entrainé de rebond durable de la croissance, soit n’ont pas apporté de richesses aisément monétisables. Comme l’explique l’économiste américain Tyler Cowen dans un récent essai. Il n’est pas certain que cette situation perdure: l’évolution technologique future est imprévisible. Mais compter sur une révolution technique dans les 5 prochaines années est présomptueux.
On peut noter que les investissements des entreprises stagnent ou diminuent dans les pays riches. Ce problème, noté par Ben Bernanke dès 2005, est d’ailleurs à l’origine de la crise en Europe. Faute de trouver des opportunités d’investissement attrayantes dans les pays d’Europe les plus riches, les investisseurs se sont reportés soit sur les produits les plus frelatés de l’industrie financière, soit sur les économies périphériques d’Europe. Le retrait brutal de ces entrées de capitaux est ce qui a précipité ces derniers dans la crise, et causé l’explosion des dettes publiques. S’imaginer pouvoir corriger cela à l’aide de gris-gris fiscaux relève de l’illusion.
Risque de stagnation à la japonaise
L’expérience historique des crises financières, analysée par Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart dans un livre récent, montre que les économies ne récupèrent pas le retard pris durant la crise au cours des années qui suivent; au contraire, elles tendent plutôt à connaître une longue période de stagnation, et une explosion de la dette publique sous l’effet de cette conjoncture déprimée.
Nos partenaires commerciaux principaux sont tous engagés dans l’austérité budgétaire, la dépression, ou les deux. Inutile d’espérer donc un quelconque salut des exportations. La géographie joue contre nous, et nous échangeons bien plus avec l’Espagne ou la Grande-Bretagne qu’avec le Brésil ou la Chine.
L’avenir est imprévisible; mais il y a un risque non négligeable que l’économie française connaisse au cours des 5 prochaines années une grande stagnation, à la japonaise; ce qui implique des déficits publics élevés, une dette publique en hausse, un taux de chômage élevé et en hausse, et aucune marge de manœuvre pour mener une politique, quelle qu’elle soit. Même une politique d’austérité, dans un contexte de croissance faible, ne parvient pas à réduire les déficits. Les investisseurs qui répondent aux plans d’austérité budgétaire en vendant en catastrophe les dettes des gouvernements concernés, ne s’y trompent d’ailleurs pas.
Ces perspectives devraient être au centre des programmes économiques électoraux, tant elles les conditionnent. Comment les candidats comptent-ils élever la croissance? Et si ce n’est pas possible, quelles adaptations envisagent-ils pour passer au travers d’une longue période de stagnation?
Un économiste c’est déjà un drôle de bonhomme qui arrive à faire prendre des vessies pour des lanternes jusqu’à nier l’évidence, mais un chroniqueur économique voila encore autre chose !
De quoi fait il la chronique ? D’une mort annoncée mais sans le dire tout en le disant et en passant la patate chaude aux politiques qui sont encore meilleurs dans le déni.
Nous sommes vraiment bien partis !
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