Les perspectives mondiales de croissance réelle sont en déclin marqué depuis deux ans. Le surendettement général a mécaniquement obligé les banques à ne plus prêter qu’aux gros qui sont seuls capables de masquer leur situation économique réelle par de l’habillage comptable ou de l’ingénierie financière. Le maquillage financier de la réalité économique est à base d’effet de levier du crédit par des investissements microscopiques en capital réel humain et juridique.
Par « gros », il faut entendre les grands États qui ont le pouvoir de dicter l’équilibre comptable de leur liquidité par des emprunts forcés à leur banque centrale ; il faut entendre les grandes banques « too big to fail » que les banques centrales ne peuvent pas laisser tomber pour protéger les dépôts liquides ; et il faut entendre les entreprises multinationales qui restent rentables en ne payant plus les impôts qui financent les infrastructures communes par lesquelles elles fonctionnent : police, justice, équipements publics, enseignement, assurances publiques.
La contraction de la base économique réelle par rapport à la masse financière de crédit et de monnaie est à l’origine de la dépréciation relative des actifs réels par rapport à leur prix nominal financier.
Les banques centrales n’ont pas d’autre moyen pour masquer la bulle des subprimes immobiliers qui n’a jamais été vraiment résorbée, que de créer une hyper-bulle mondiale sur la réalité de la croissance économique.
Grâce aux politiques de facilitation monétaire, la croissance serait demeurée forte et solide malgré la montée du chômage, la stagnation des salaires de ceux qui ont conservé un emploi, les déficits publics et les dettes latentes, que les réformes comptables postérieures au krach de 2008 n’obligent plus à enregistrer dans les bilans financiers.
Il n’y aura donc pas de mise en faillite formelle ; seulement une fermeture du marché interbancaire international et de l’interconnexion des marchés de capitaux. Comme les Etats et les cabinets d’audit et d’avocats internationaux ne seront pas d’accord sur le prix des pertes à résorber ni surtout sur la répartition de ces pertes entre les principaux créanciers, les grands États mettront en attente tous leurs remboursements de dette publique et contrôleront sévèrement toutes les sorties de capitaux de leur zone monétaire afin de faire rentrer des recettes fiscales qui garantissent leur crédit vis-à-vis de leurs créanciers internes.
Concrètement le régime libéral de la libre circulation du capital, de l’émission privée de la monnaie et de la défiscalisation des gros institutionnels arrive au bout de sa logique spéculative.
Il va prendre fin avec le morcellement du marché mondial par zone monétaire et par alliances régionales inter-étatiques.
Extraits d’un article de P.Sarton du Jonchay sur le blog de Paul Jorion www.pauljorion.com
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