Une fois de plus, les Britanniques nous donnent une leçon de démocratie. Et l’oligarchie montre son vrai visage.
Voilà des années que les avertissements se sont multipliés. Aux quatre coins de l’Europe, comme aux Etats-Unis, les peuples sont mécontents de la manière dont ils sont gouvernés. Ils constatent la paupérisation des classes moyennes sous le double impact d’un capitalisme financier devenu fou et d’une révolution numérique sans garde-fous. Oui, les classes moyennes, piliers de nos démocraties occidentales aspirent à plus de sécurité, à plus de régulation. Elles ne se satisfont pas d’un retour aux lois de la jungle.
C’est cela qu’elles expriment à travers leurs votes. Tout est lié. Et il ne sert à rien de pousser des cris d’orfraie contre les populistes, les souverainistes, les démagogues. La seule question qui compte est: pourquoi ont-ils le vent en poupe? Parce que les autres ont failli.
Ils ont d’abord failli dans leur communication. Ils ont failli surtout parce que les peuples sentent bien que le pouvoir a peu à peu échappé aux politiques pour se concentrer dans les mains de multinationales n’ayant aucune légitimité démocratique.
Et maintenant? Le calme va revenir peu à peu, les banques centrales vont faire la seule chose qu’elles savent désormais faire: injecter de la liquidité, rajouter de la dette à la dette pour éviter un embrasement généralisé.
La seule question désormais qui vaille est celle de l’avenir de l’Union européenne.
On entend de ci de là, les partisans du fédéralisme réclamer plus d’Europe. Ils se trompent. Le problème n’est pas de faire plus d’Europe, mais mieux l’Europe. L’heure n’est pas à bâtir une Europe fédérale, mais bel et bien de reconstruire une véritable confédération d’États nations.
Si l’on veut que l’Europe existe, qu’elle ait une ambition, elle doit redéfinir ses relations avec les États-Unis et ne plus se contenter d’en être une filiale plus ou moins obéissante. Il n’y aura pas d’Europe si Paris, Berlin et quelques autres capitales, ne comprennent pas que l’indépendance, est consubstantielle à un nouveau projet européen.
Qui dit indépendance implique d’abord d’avoir une vraie politique de défense et d’y mettre les moyens qu’il faut. Comment peut-on espérer défendre nos intérêts, notamment économiques et culturels, si nous dépendons de Washington pour notre défense? L’Otan a vécu.
Qui dit indépendance, dit la fin des négociations sur les traités de libre-échange transatlantique. Cette négociation n’a plus de sens.
Qui dit indépendance, dit mise en place d’un minimum de règles fiscales et sociales communes, autour d’un petit noyau dur de pays. Plus question que les multinationales anglo-saxonnes et autres imposent leurs règles en matière d’optimisation fiscale ou de captation des données.
Qui dit indépendance dit refus d’appliquer purement et simplement les normes juridiques anglo-saxonnes et d’accepter, sans aucune contrepartie, l’extraterritorialité du droit américain.
Le chantier est immense. Encore faut-il mettre clairement les enjeux sur la table! Et si jamais nos partenaires, notamment nos amis allemands, ne partagent pas cette vision d’une Europe réellement indépendante, mieux vaudra alors pour notre pays, un bon divorce, plutôt qu’un mariage qui part à vau-l’eau.
Extraits d’un article de jean michel Quatrepoint
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/06/24/31001-20160624ARTFIG00287-jean-michel-quatrepoint-le-brexit-ou-la-grande-revolte-des-classes-moyennes.php
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