Pour l’instant, tout va bien
L’expansion du crédit a commencé quand Eisenhower jouait encore au golf. Elle se poursuit aujourd’hui, à un niveau plus de 50 fois supérieur à ce qu’elle était à l’époque. Et désormais, la finance et l’industrie — sans parler des prix des actifs — y sont totalement accro.
Supprimez le crédit et toute l’économie sombre dans la morosité. Duncan :
“La Fed sait que le crédit doit se développer, sans quoi nous avons une dépression. Or aujourd’hui, les niveaux de dette sont si élevés qu’une dépression serait catastrophique. Le désastre serait mondial, il ne se limiterait pas aux Etats-Unis. Et des gens mourraient. Parce qu’une dépression aux Etats-Unis signifierait que des dizaines de millions… voire des centaines de millions… de personnes en Chine et en Asie du sud-est perdraient leur emploi. Des entreprises feraient faillite. Des gouvernements feraient faillite. Les gens vivant à la marge — c’est-à-dire sans épargne — seraient vite désespérés. Je ne pense pas que notre civilisation survivrait.
Voilà pourquoi la Fed ne permettra pas une véritable contraction du crédit”.
Pour l’instant, le soleil brille et le crédit se développe encore. Les prix des actifs grimpent. Mais c’est sur le point de changer.
“Au troisième trimestre, l’excès de liquidité va plonger. Nous devrions voir bien plus de volatilité dans les prix des actifs. Je pense qu’avant la fin de l’année, nous verrons une chute très inquiétante du marché boursier. La Fed fera une pause… interrompant son programme de tapering. Ensuite, selon la manière dont les marchés réagissent, elle laissera probablement entendre qu’elle mettra en place un nouveau programme de QE pour 2015. Cela devrait faire remonter les marchés”.
Les deux mandats de l’Etat
M. Duncan envisage la situation à peu près de la même manière que nous — jusqu’à un certain point. Il voit la dépendance à une dette en expansion constante. Il voit la catastrophe qui arrivera quand cette expansion prendra fin. Il s’attend, tout comme nous, à ce que la Fed réagisse avec plus de QE. Jusque-là tout va bien. Mais il n’a pas notre profond cynisme et notre insensibilité. Il voit le tunnel, mais il pense apercevoir un petit scintillement au bout.
“Les gouvernements peuvent encore emprunter… et développer le crédit. D’une manière ou d’une autre, ils vont tenter de maintenir l’expansion du crédit. Ainsi, au lieu de jeter l’argent, autant investir dans des choses qui pourraient développer la future production — de nouvelles technologies, de nouvelles infrastructures et nouveaux secteurs”.
Ahh… mais ça, c’est sans compter avec les oligarques, poligarques et la nature du gouvernement lui-même. Le souci premier du gouvernement n’est pas de protéger ses citoyens ou leur économie. Au lieu de ça, il a pour objectif de transférer plus de pouvoir, de statut et de richesse à l’élite qui le contrôle (les oligarques). Pour ce faire, il doit maintenir les masses sous sédatifs. Charles Hugh Smith explique :
“L’Etat a deux mandats clé : mettre en place des quasi-monopoles et des cartels pour les capitaux privés, et satisfaire assez de demandes de la part des citoyens pour maintenir la stabilité sociale”.
Si l’Etat échoue à maintenir des cartels monopolistiques, les marges plongent et le capital ne peut plus maintenir ses dépenses d’investissement et de main-d’oeuvre. En deux mots, l’économie coule alors que les profits, l’investissement et la croissance stagnent.
Si l’Etat échoue à répondre aux demandes de ses citoyens, il risque l’instabilité sociale.
Les autorités seront les emprunteurs de dernier recours. Mais l’argent ne sera pas investi dans un avenir plus brillant. Il sera pillé et gaspillé.
Bill Bonner La chronique Agora
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