Il arrive toujours un moment, ce type de moment que tout le monde reconnaît sans même l’avoir déjà vécu, où nous prenons conscience que ce qui fut ne reviendra pas, que ce qui viendra sera, devra être différent. Nous sommes arrivés à ce moment, qui semble remonter à l’éclatement de la crise mais dont le point de départ est bien plus lointain que ces seules 5 dernières années, pendant lesquelles beaucoup ont tout perdu et quelques-uns ont encore plus gagné.
Il nous faut choisir, pas seulement pour nous-mêmes mais surtout pour ceux qui seront, pour qu’ils puissent choisir, pour rendre hommage à ceux qui nous ont précédés, pour que nous soyons honorés quand notre temps sera révolu.
Nous pouvons choisir de continuer à accepter que les inégalités de richesse continuent d’augmenter entre les hommes, que la part des salaires et du travail diminuent dans la richesse créée, que le plein emploi soit toujours à l’horizon quand le travail décline, que l’automatisation croissante des activités économiques ne profite pas aux hommes, que le crédit remplace de manière croissante ce que le revenu tiré d’un travail ne permet plus, que la spéculation financière pompe l’économie à son seul profit, que la richesse engendre la richesse par la seule force de l’intérêt versé au capital pour sa simple existence, que l’opacité instituée comme principe ne permette à tous les trafics d’échapper à la loi commune et à l’impôt, que la complexité liée à la dérégulation submerge la réalité, que les ressources de notre environnement soient une aubaine dont plus personne ne se sent redevable envers personne.
Ce chemin a été suivi et il n’a mené nulle part. Ces politiques ont dû être menées parce que les États ont pour la plupart dû faire face aux conséquences de la crise provoquée par la spéculation et la dérégulation financière, pour sauver un monde financier qui a participé à créer cette crise.
Heureusement, comme dans tout choix, il existe au moins deux possibilités : nous ne sommes donc pas condamnés à reproduire indéfiniment la même chose.
Mais s’il est possible de choisir un futur à venir différent de ce passé perpétuel, cela impose dès lors une rupture, de déchirer ce qui nous relie à ce monde failli et révolu, de manifester clairement ce choix et de l’assumer dans le cadre politique qui est le nôtre en Europe, la démocratie.
Pour tous, c’est l’heure du choix.
Pour nous, il est déjà fait.
Extraits d’un article de Zebu sur le blog de Paul Jorion www.pauljorion.com
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