La situation du pseudo-système actuel d’économie financière autocentrée est critique.
Techniquement, le problème se manifeste par une pénurie mondiale de titres de capital et de dette réels suffisamment crédibles pour adosser les émissions de liquidité des banques centrales.
Pour accélérer la production de signes monétaires en compensation du capital réel négatif des banques, les banques centrales n’ont plus d’autre solution que de se mettre carrément hors la loi : elles prêtent de la liquidité sur des durées toujours plus longues sans vérifier la qualité du crédit des banques, des entreprises et organisation multinationales ni des États, qui sont tous emprunteurs finaux de la liquidité monétaire.
Un abîme se creuse entre les petits emprunteurs obligés de payer des impôts et de justifier de leur solvabilité en production réelle, et les gros emprunteurs hors sol qui ne paient plus aucun impôt et disposent de fait d’un pouvoir illimité de tirage sur leur ligne de crédit ouverte auprès du réseau bancaire mondial.
Comme le confirme la volte-face de la BNS, le système s’autodétruit. Le fait est explicite que la matière fiscale issue de l’économie réelle est désormais radicalement insuffisante pour combler les pertes ontologiquement illimitées de la finance libérale.
La dévaluation de l’euro par rapport au franc suisse est le constat objectif que les États de la zone euro n’ont plus les ressources fiscales suffisantes pour combler la perte de la petite Grèce dans les comptes de leurs banques.
Il n’y a plus que dans les gouvernements de la zone euro qu’on imagine encore faire des économies en démantelant les droits sociaux et les droits du travail. Par l’absence de frontières financières et par la négociation privée des flux de capitaux entre des monnaies non gouvernées, la destruction de l’économie réelle et la disparition des assiettes fiscales est systémiquement plus rapide que le désendettement.
Le pouvoir politique répondant de la réalité des gens ne peut pas renoncer à intégrer l’économie financière dans l’économie du travail et des revenus réels. Il n’y a pas d’économie sans indexation de la monnaie sur des sociétés formées et véritablement engagées à employer le travail des gens qui consomment.
Si la zone euro veut sortir du trou, elle n’évitera pas de reconstruire un marché européen du travail fondé sur les systèmes nationaux et régionaux de droits assurés par une confédération d’États capitalisés dans des unités de compte différentiables et ajustables par l’euro. Le prix des titres de capital et de crédit ne sera plus arbitrairement fixé par des algorithmes de mathématique bancaire sans objet ni sujet identifiables en réalité visible.
Si quelques politiques réapprennent Keynes dans le texte, ils sauront comment le collatéral de la politique monétaire de l’économie réelle est issu de la confrontation juridiquement circonscrite aux nations de l’offre et de la demande de toutes les compétences différenciées du travail investi dans la chaine de valeur ajoutée.
Le prix du crédit n’est réel et à l’équilibre que dans l’échange civilisé entre le producteur primaire et le consommateur final.
Extraits d’un article de Pierre Sarton du Jonchay sur le blog de Paul Jorion www.pauljorion.com
Commentaires récents