Les contours de la décennie qui nous est promise se précisent, aux accidents de parcours près. Ils sont faits de la lente, chaotique et douloureuse poursuite du désendettement, prix à payer pour financer un très relatif partage passé de la prospérité, dont les bases sont effondrées. Et simultanément de celle du basculement économique de la planète, qui n’en est qu’à son commencement.
La mesure de celui-ci n’a pas été mieux prise que l’a été celle du poids du désendettement. Conjugués, les deux phénomènes laissent désemparés ceux qui sont aux affaires, et sans voix ceux qui avaient fait de l’économie le champ clos de leurs certitudes et de leurs complaisances. Pour toute théorie, les uns et les autres ne disposent que de celle du culbuto qui voudrait que tout redevienne comme avant, en martelant le credo productivité-rentabilité-diminution de la pression fiscale.
Aurions-nous pu imaginer être les témoins – et les acteurs – d’une telle crise, qui implique de si radicales reconsidérations ? L’ère du capitalisme triomphant sur les décombres d’un socialisme perverti, vainqueur par abandon, est à son tour révolue. Le capitalisme était devenu financier mais la finance a failli, sans parvenir à se rattraper aux branches, sans réformer la machine ni savoir comment la relancer.
La crise est multiforme, à la fois financière et environnementale, mais aussi de société. Dans un monde où le savoir d’expert est parcellaire, et où l’idéologie conservatrice dominante empreigne les consciences (on sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on trouve), elle ne rencontre qu’incompréhension car elle suppose une vision ouverte opposée aux recettes toutes faites, elle implique de redéfinir ce qu’est le progrès.
La planète désormais explorée dans presque tous ses recoins, ses ressources inventoriés et surexploitées, la seule nouvelle aventure qu’elle peut encore procurer est celle d’y trouver le bien-être.
Il serait temps ! Partage est le mot honni qui pourtant devrait s’imposer, seule réponse possible à une vie associant le respect des individus dans leur singularité à la construction d’une société démocratique nécessaire à leur survie.
Changer d’équipe n’est pas le problème, c’est changer de programme qui en est un. Avec comme difficulté qu’il ne s’agit plus de mieux accommoder un système ne disposant plus de marges de manœuvres, mais de le transformer.
Et radicalement ! Les termes du débat historique entre réforme et révolution sont mis à jour, imposant de faire preuve d’imagination et d’innovation.
Extraits d’un article de F.Leclerc sur le blog de Paul JORION www.pauljorion.com
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