Le voile se déchire, mais le constat ne suffit pas.
Peut-on encore compter sur nos gouvernements et banques centrales pour nous sauver ? Comment effectivement continuer à faire confiance et à croire aux capacités de ceux-là même qui nous ont enfoncé dans notre marasme actuel ?
« Impossible d’éviter l’effondrement ultime d’un système construit sur l’expansion du crédit », c’est en ces termes (et en traduction libre) que s’exprimait Ludwig Von Mises (1881-1973) qui était un des premiers à comprendre que les politiques, banquiers, économistes et autres experts ne détenaient nullement la solution permettant d’éviter l’inéluctable mais tout au plus de le retarder.
Aujourd’hui, notre monde se retrouve définitivement dans cette impasse ou – plus précisément – en haut du précipice et ce très exactement un siècle après la création de la Réserve Fédérale américaine ayant inauguré en 1913 ce système – Madoffien avant la lettre – consistant à promouvoir et à fournir du créd it en quantités illimitées.
Ne nous y trompons en effet pas car le système était dès le départ voué à s’auto détruire et, à cet égard, nulle solution ou remède n’est disponible sachant que la phase terminale et que le point de non retour furent consacrés en 1971 par l’abandon de l’étalon or. Il est désormais limpide – et ce même pour les plus farouches adeptes de l’expansion monétaire et du crédit – que notre prospérité des décennies écoulées fut entièrement fallacieuse.
Ces chantres de la création monétaire tous azimut ont en revanche du mal à admettre aujourd’hui que cette ère touche à sa fin… Cette situation est en effet devenue intenable et il y va aujourd’hui de l’intérêt – voire du salut – publics que le curseur soit remis à zéro. Autrement dit, que notre monde, que notre mode de vie et que nos prétentions reviennent à un niveau soutenable, donc forcément plus modeste. Car faute d’abandon volontaire de nos ambitions – voire de notre boulimie – démesurées, nous nous exposons et condamnons en même temps les générations futures à des conséquences désastreuses.
Les gouvernements actuels (comme leurs successeurs) sont strictement incapables d’interrompre cette création intensive d’argent virtuel et n’abandonneront certes pas volontairement cet artifice leur permettant de continuer à gagner les suffrages de leurs électeurs. Les experts, en outre, ne disposent d’aucune autre solution que celle des injections de liquidités ayant maintes fois sauvé la mise dans le passé à l’occasion d’épisodes dramatiques comme un crack boursier, la faillite d’un établissement financier important, voire une attaque terroriste… Après tout, les empires de l’Antiquité avaient également l’habitude en périodes de difficultés de diluer la concentration de leurs pièces d’or et d’argent !
Pourtant, nulle intoxication collective d’une telle ampleur ne fut jamais entreprise car voilà un siècle que notre système basé sur la dette et rien que sur la dette nous fait vivre dans l’illusion. Et que l’individu est devenu d e plus en dépendant de l’Etat, grand pourvoyeur de liquidités.
Cet individu, ce citoyen, se rend-il seulement compte que la valeur de sa monnaie n’a cessé de décliner et qu’il est dorénavant payé et régalé en monnaie de singe ? Le symptôme suprême de cette déchéance n’est-il pas la perte de plus de 80% de valeur de la quasi-totalité de nos monnaies en un peu plus de dix ans et ce par rapport à cette relique barbare qu’est pourtant l’or ? Comme l’avait prévu Mises, cette méga bulle du crédit débouchera sur un incendie final aux effets strictement opposés, à savoir en une destruction monétaire généralisée également appelée hyper inflation.
Car l’hyperinflation est toujours la résultante – non d’une demande excessive – mais bel et bien d’un effondrement monétaire. Préparons-nous donc à cette explosion, à n’en pas douter prochaine, car nos Etats et gouvernements – par peur de perdre leur pouvoir – seront incapables de persévérer dans une saine rigueur qui nous ramènerait à la raison. Ainsi donc et en dépit des déclarations d’intention, mises en garde et autres communiqués finaux de G 20, les injections de liquidités et autres créations de monnaie seront appelées à perdurer.
Jusqu’à « la catastrophe finale ou totale du système monétaire », pour citer encore Mises.
Michel Santi – Economiste
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