Danser devant l’abîme, c’est la métaphore de notre condition humaine. Les humains mettent à rude épreuve leur environnement et leurs sociétés, ce qui est la conséquence de leur tendance à jouer avec la mort, celle-ci étant tout aussi bien ce qu’ils craignent que ce qui les stimule, parce que nous n’avons qu’une vie.
Mimer une partie de go et mettre KO un pauvre humain même surentraîné c’est à la portée d’une IA, mais prendre une initiative qui est une réponse adaptative se traduisant par une action dans un champ d’action inédit, ou plus généralement non reconnu socialement, et donc « gratuite », le peut-elle ?
Mon hypothèse, c’est que notre aptitude à faire des gestes gratuits implique que nous disposions potentiellement de la capacité de nous extraire des routines mortifères les mieux établies mais que la plupart du temps nous oublions cette composante de notre « intelligence ».
Cette conquête de l’inutile qui est en réalité notre singularité, à nous les humains, pour le meilleur et/ou le pire. De cette conquête de l’inutile participent aussi bien des choses spectaculaires, que des choses apparemment anodines de notre vie quotidienne, ces jardins plus ou moins secrets, que l’on cultive vaille que vaille, qui ne sont pas toujours récompensés dans un cadre social établi, mais pourtant nous sont indispensables.
Évidemment, pour l’heure nous avons toujours du souci à nous faire, personne n’a encore trouvé les mots, les bons gestes, et par extension les séquences de gestes produisant des actions spécifiques, pour faire interdire par exemple la spéculation, faire rendre gorge à la machine à concentrer les richesses… On en a déjà l’idée, on appréhende une nécessité, un certain degré d’urgence, ce qui est un début appréciable, reste à ajouter les gestes aux paroles. Encore faut-il déjà que certaines paroles puissent nous porter.
Qui sait, peut-être sont-ce quelques-unes de ces personnes qui apparemment ne sont rien et qu’on croise dans les gares (sic) qui seront les mieux prédisposées pour produire les bons gestes qui assureront un avenir à notre humanité en péril.
Extraits d’un article de P.Y Dombrine sur le blog de Paul Jorion www.pauljorion.com
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