Avec la rechute de la croissance, le rétablissement des comptes publics auquel s’est engagé le président Hollande paraît hors de portée.
Qui est réellement François Hollande ? Un indécrottable optimiste, ou un fervent adepte de la méthode Coué ? L’année 2013 nous donnera sans doute quelques éléments de réponse. Le chef de l’Etat ne cesse de promettre la reprise, mais la croissance s’est évaporée depuis le début de l’automne. Et c’est une récession rampante, pernicieuse, qui est en train de s’installer dans l’Hexagone. Alors que la baisse du produit intérieur brut pourrait être comprise entre 0,5 et 1 % en 2013, ce nouveau trou d’air va frapper une économie qui n’avait pas fini de panser ses plaies.
Des PME obligées de compresser leurs marges
« La plupart des entreprises vont affronter ce gros vent avec des trésoreries à sec », commente Denis Ferrand, directeur général de COE-Rexecode. La rentabilité des entreprises est inférieure de 4 points à son niveau de la fin 2007, et beaucoup de PME sous-traitantes de grands groupes industriels sont à l’os. Leur taux d’épargne, mesuré par le rapport entre l’autofinancement et le revenu global, serait inférieur à 15 %, soit deux fois moins que dans les grandes entreprises, d’après les calculs du Crédit agricole.
« Pour tenter de garder leurs parts de marché, les PME compressent leurs marges, ce qui pèse sur leur capacité à investir et à innover », analyse Axelle Lacan, économiste au Crédit agricole. Certes, elles pourront obtenir une petite avance sur le tout nouveau « crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi », mais l’effet sur les trésoreries sera très mince. Du coup, les liquidations judiciaires comme les plans sociaux risquent de tomber encore dru. « On pourrait tutoyer le record de faillites de 2009″, redoute Ludovic Subran, le chef économiste d’Euler Hermes. Avec de grosses boîtes sur la paille, à l’image de Petroplus et de Doux.
– 1 % de baisse du pouvoir d’achat par ménage en 2013.
Sur les sept premiers mois de 2012, les défaillances d’entreprisesdont le chiffre d’affaires était supérieur à 15 millions d’euros ont bondi de 21 % par rapport à 2011. Alors que le cap des 3 millions de demandeurs d’emploi a été franchi à l’automne, près de 350 000 chômeurs supplémentaires pourraient venir grossir les rangs de Pôle emploi en 2013.
350 000 chômeurs supplémentaires inscrits à Pôle emploi en 2013.
Dans les Pays de la Loire – une région test, car généralement en avance sur le reste du territoire -, l’ambiance a viré au rouge sang. « L’intérim a dévissé de 11 %, et le chômage y a progressé deux fois plus que la moyenne française », explique Hervet Bonnet, le directeur des statistiques de Pôle emploi pour la région. Même dans les sociétés florissantes, l’attentisme est de rigueur, comme en témoigne Sandra Le Grand, la fondatrice de Kalidea, une entreprise prestataire de services pour les comités d’entreprise qui a connu un développement fulgurant ces dernières années : « J’ai gelé la moitié des embauches prévues pour 2013. »
Avec les 15 milliards d’euros de hausses d’impôts prévues, le gel des salaires et l’augmentation du chômage, c’est la soupe à la grimace côté pouvoir d’achat. Il pourrait reculer d’un peu plus de 1 % en 2013 et ce pour la deuxième année consécutive. En dépit de la baisse du taux d’épargne, la consommation des ménages devrait au mieux faire du surplace l’an prochain.
64 000 faillites d’entreprises en 2013.
Quinze milliards d’euros supplémentaires à trouver
Dans ce contexte de récession, l’heure des choix va sonner pour François Hollande. S’il s’obstine à ramener le déficit public à 3 % du PIB fin 2013, alors il lui faudra trouver au minimum 15 milliards d’euros supplémentaires. S’il y renonce, il devra convaincre ses partenaires européens de lui accorder au moins une année de délai. Pas sûr qu’Angela Merkel, alors en pleine campagne électorale, se montre très magnanime.
Source: L’Expansion
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